Rocco Placentino l’avoue, il n’a presque pas dormi depuis jeudi soir dernier.

Le directeur sportif du CS Saint-Laurent a d’abord flotté sur un nuage d’exaltation après avoir vu son équipe l’emporter face aux Wanderers de Halifax en phase préliminaire du Championnat canadien de soccer. C’était la première fois qu’un club semi-pro québécois gagnait contre une équipe professionnelle dans ce tournoi.

La réalité l’a cependant vite rattrapé. Car grâce à cette victoire, le CS Saint-Laurent, qui évolue en Ligue1 Québec, a maintenant rendez-vous avec le Toronto FC pour les quarts de finale. Le premier de deux duels contre la formation de la MLS aura lieu mercredi soir, au Complexe sportif Claude-Robillard. Il fallait donc s’attaquer à l’organisation de l’évènement sans attendre.

Préparation du terrain, sécurité, affichage des commanditaires… La liste de tâches est longue. « On est arrivés vendredi, et tout de suite, on s’est mis à planifier le match de mercredi. C’est beaucoup de travail. C’est du stress, mais un bon stress », a résumé Placentino en entrevue avec La Presse lundi.

Chose certaine, le match s’annonce comme un succès à la billetterie. En moins de trois jours, déjà près de 3000 sièges avaient trouvé preneur. Placentino s’attend à une foule de 4000 à 6000 spectateurs au final.

« L’ambiance va être chaude », prévoit-il.

La pression sur Toronto

Si on affublait le CS Saint-Laurent de l’épithète de négligé pour son match contre Halifax, il va sans dire que ce sera encore plus vrai lorsque l’équipe se retrouvera devant le Toronto FC sur le terrain.

Mais n’y voyez pas une source de stress quelconque pour les joueurs. Bien au contraire, en fait : selon eux, ce sont plutôt les Torontois qui auront tout à prouver lors de cet affrontement.

« On a vraiment eu une bonne préparation. On a joué des matchs amicaux contre des pros. C’était difficile, mais on a beaucoup appris. La pression est beaucoup plus sur Toronto. Ils sont obligés de gagner », signale le milieu de terrain et capitaine du CS Saint-Laurent, Wesley Wandje.

« Il ne faut pas aborder le match en se disant qu’on va perdre, ajoute-t-il. Tout peut arriver en 90 minutes. Et ce n’est pas d’avoir la grosse tête ou d’être arrogants de dire ça. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Les joueurs du CS Saint-Laurent à l’entraînement la semaine dernière

Placentino, lui, y voit une occasion pour ses ouailles de mettre leurs aptitudes en valeur à la face de la planète soccer. Et, ce faisant, de prouver aux partisans et à toute une génération de joueurs qu’on peut toujours aspirer aux plus hauts sommets.

« Pour eux, ce sera un grand moment. Le message, c’est : laissez les jeunes rêver. Un jour, vous allez peut-être jouer contre une équipe de la MLS, ou devenir pro vous-mêmes », dit-il.

Du talent à revendre

En voyant Mamadou Kane marquer le but en tirs de barrage qui donnait la victoire au CS Saint-Laurent face à Halifax, Placentino n’a pu s’empêcher de repenser à tout le chemin parcouru par son organisation pour en arriver à ce triomphe historique.

« Pendant une minute, j’étais gelé, comme en état de choc, raconte-t-il. Dans ma tête, je repensais à où on était quand on a commencé en 2012. C’est le jour et la nuit par rapport à aujourd’hui. Il y a tellement eu de changements au niveau de la structure et du talent. »

Placentino voit également dans les succès de son équipe une nouvelle preuve que de plus en plus, le soccer québécois et canadien regorge de talent.

Ça fait des années que je dis qu’il y a du talent au Québec. Avoir une seule équipe pro au Québec – le CF Montréal –, ce n’est pas assez.

Rocco Placentino

Le directeur sportif milite d’ailleurs depuis longtemps pour convaincre la Première Ligue canadienne (PLC) d’implanter une équipe dans la province. « Ce n’est pas facile, mais j’ai la tête dure ! », lance-t-il en riant.

Le capitaine Wandje abonde dans le même sens. Il rappelle que pas plus tard que l’an dernier, à ces mêmes Championnats canadiens, une autre équipe semi-pro, le TSS Rovers, a vaincu un club de la PLC, le Valour FC.

« Le soccer évolue au Canada. Il y a vraiment de la qualité. La PLC devrait davantage puiser chez les joueurs canadiens. Il y a de bons talents et ça peut encore évoluer », fait-il valoir.

Peut-être que très bientôt, le CS Saint-Laurent marquera un nouveau jalon de cette belle évolution.