Si devait bel et bien s'achever le règne d’Olivier Renard à la tête de la direction sportive du CF Montréal, La Presse vous propose un retour sur son parcours à Montréal en cinq tableaux marquants.
Renard arrive, suivi de Thierry Henry
Olivier Renard est embauché à titre de directeur sportif le 28 septembre 2019 par le président Kevin Gilmore. Son arrivée est suivie, le 14 novembre suivant, par celle de Thierry Henry en tant qu’entraîneur-chef. Une gigantesque prise, que Gilmore attribue en partie à Renard. Le Français avait lui-même, par l’entremise de ses représentants, établi le contact avec le club montréalais.
« Olivier a passé beaucoup de temps avec lui et est arrivé très vite à la conclusion qu’il était notre premier choix », indiquait l’ex-président au confrère Tony Marinaro, selon des propos rapportés sur rds.ca.
En conférence de presse, Renard a ajouté que « dès qu’[il a] eu [son] premier contact avec Thierry, [il a] senti directement que ce qu’il voulait cadrait avec ce que [le club] voulait ».
L’ère Henry est plombée par la pandémie, et il démissionne « le cœur lourd » le 25 février 2021 pour retrouver sa famille.
Les sommets sous Wilfried Nancy
Le départ du légendaire attaquant français, à l’aube du camp d’entraînement de la saison 2021, force Olivier Renard à prendre une décision qui marquera son règne. Deux semaines plus tard, il embauche Wilfried Nancy.
Nancy, au long parcours au sein de l’Impact, ratera les séries de peu cette année-là, mais en déployant un soccer à la volonté proprement offensive. L’année suivante, sous sa gouverne, a été celle de tous les records, et le Bleu-blanc-noir la termine au deuxième rang du classement dans la Conférence de l’Est.
Une altercation avec Joey Saputo en coulisses, au début de juillet, aura été l’une des raisons menant au départ de Nancy vers le Crew de Columbus au terme de la campagne.
« Malgré les efforts déployés par le club pour que Wilfried continue notre projet, nous avons été contraints d’accepter sa décision de quitter l’organisation, soulignait Renard dans un communiqué. Nous voulons des gens qui souhaitent être avec nous et Wilfried voulait prendre un chemin différent. »
Une philosophie qui porte ses fruits
Sous Olivier Renard, le CF Montréal a adopté une direction sportive intrinsèquement liée à son modèle d’affaires. Finies, les acquisitions de vedettes à gros prix. Bonjour, les transferts avisés de jeunes joueurs à développer.
En 2022, le succès de Nancy a été grandement lié aux performances de ses as Djordje Mihailovic, Ismaël Koné et Alistair Johnston. Le premier a été transféré à l’AZ Alkmaar pour une somme évaluée à 7 millions de dollars, touchant à son rêve de jouer en Europe. Le deuxième, qui s’est joint au CF Montréal du club amateur CS Saint-Laurent, a connu une ascension stratosphérique, a été rappelé par le Canada, a disputé la Coupe du monde au Qatar et a été vendu à Watford, en deuxième division anglaise. Le troisième, après une superbe campagne en défense, est passé au Celtic de Glasgow, en Écosse, où il est rapidement devenu un favori des partisans.
Tous ces transferts ont rapporté gros au CFM. D’autres, à l’intérieur même de la MLS, ont été moins spectaculaires, mais ont aussi joué leur rôle dans le succès de l’équipe. Pensons à Romell Quioto qui, malgré les blessures, figure aujourd’hui au quatrième rang de l’histoire du Bleu-blanc-noir au chapitre des buts, avec 38 filets en 94 apparitions.
Les ratés
Pour reprendre le jargon du baseball, la direction sportive sous Olivier Renard n’a en revanche pas eu une moyenne au bâton parfaite.
La pire erreur a été celle de Bjørn Johnsen. Arrivé de Corée du Sud en 2021, l’attaquant norvégien était l’un des seuls joueurs, avec Victor Wanyama, à toucher un salaire supérieur à 1 million, du moins à sa première année. Combien de buts a-t-il marqué ? Deux. En 26 matchs. Ennuyé par des blessures, il n’a tout simplement pas joué en 2022 avant d’être libéré.
Ensuite, la bévue Matko Miljevic vient en tête. L’Argentin avait été perçu par Olivier Renard lui-même comme le successeur de Mihailovic au milieu de terrain offensif. Non seulement Miljevic n’est jamais parvenu à jouer le rôle de numéro 10, mais en plus, il s’est battu dans une ligue de garage à Laval, ce qui a poussé le club à mettre fin à son entente à l’automne 2023.
Mason Toye, Lassi Lappalainen, Robert Thorkelsson sont d’autres noms que l’on peut inclure à la liste des ratés d’Olivier Renard au fil de ses quatre années et demie à la tête des opérations sportives.
De Losada à Courtois
Le bilan de Renard devrait être généralement positif, mais ne passons pas sous silence l’embauche d’Hernán Losada, qui a été très dommageable la saison dernière. L’entraîneur argentin avait promis à la direction sportive qu’il offrirait le style de foot qu’elle souhaitait voir… pour que finalement, l’Impact joue un soccer direct, très différent de ce qui avait été convenu.
En ce sens, Renard a fini par dire, au bilan, que même si le but de se qualifier pour les séries avait été atteint, il n’aurait pas été satisfait de la saison. Des joueurs, dont Samuel Piette, ont critiqué la préparation tactique de leur coach, tandis que Wanyama s’était plaint d’une communication déficiente. Son inévitable renvoi n’a surpris personne à l’automne dernier.
Le directeur sportif a donc pris son temps avant de trouver son successeur. Laurent Courtois, qui chapeautait l’équipe réserve du Crew de Columbus, a été embauché au début de janvier. Pour l’instant, les joueurs disent se plaire dans ce style et sous ses ordres.
Ce dernier, lorsqu’on lui a demandé à son arrivée ce que son prédécesseur Wilfried Nancy lui avait dit à propos du CF Montréal, a répondu : « Sois toi-même, attache-toi, et profites-en [be yourself, buckle up, and enjoy the ride] ».
Les montagnes russes sont bel et bien commencées. Il reste à voir si Laurent Courtois est bien attaché.