(Laval) La perte d’une joueuse de la trempe de Marie-Philip Poulin ferait mal à n’importe quelle équipe. Montréal en a quelque peu ressenti les effets, dimanche soir.

Montréal sans Marie-Philip Poulin, c’est comme l’Inter Miami sans Lionel Messi. Roland-Garros sans Rafael Nadal. Les Internationaux des États-Unis sans Serena Williams. The show must go on. Le spectacle doit continuer. Sauf que sans l’étoile irremplaçable, ce n’est pas pareil.

L’attaquante québécoise est blessée. Elle a dû déclarer forfait pour la rencontre de dimanche, contre Ottawa. Son cas sera évalué quotidiennement. Il faut souligner que Marie-Philip Poulin a joué beaucoup de hockey récemment. Son équipe vient de terminer une séquence de quatre matchs en huit jours, dans trois villes différentes. De plus, depuis le début de février, Poulin a participé aux activités du match des Étoiles de la Ligue nationale de hockey, ainsi qu’à trois parties de la Série de la rivalité, entre les Canadiennes et les Américaines. Et voilà qu’on l’attend, le mois prochain, au Championnat du monde, qui précédera les éliminatoires de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

Pas facile de remplacer la meilleure joueuse au monde. En fait, c’est impossible. Personne, au sein de la formation, ne peut répliquer sa domination. Je vous rappelle qu’en début de saison, Poulin avait été employée non pas une, non pas deux, non pas trois, mais quatre fois au cours d’une même séance de tirs de barrage. Ça en dit long sur la confiance et les attentes de son entraîneuse-chef envers elle.

Privées de leur coéquipière, les Montréalaises ont pratiqué un style de jeu plus physique qu’à leur habitude. Ici, une grosse mise en échec. Là, du chamaillage après le coup de sifflet. Une préparation en vue des séries, a expliqué Sarah Lefort. Plusieurs joueuses ont testé les limites mal définies de l’arbitrage. Résultat : un match marqué par 10 punitions mineures – cinq de chaque côté.

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Natalie Snodgrass (8) et Sarah Lefort (16)

Le genre de parties intenses dans lesquelles Marie-Philip Poulin se distingue.

Son absence s’est fait ressentir. Surtout en supériorité numérique.

Oui, Laura Stacey a réussi un but en surnombre, sur un tir de la pointe. Oui, les Montréalaises ont réduit l’écart à un but, en fin de troisième période, en remplaçant la gardienne Ann-Renée Desbiens par une attaquante supplémentaire. Mélodie Daoust a poussé un retour de tir derrière Emerance Maschmeyer, excellente pour les Ottaviennes. Mais lors des quatre premiers avantages numériques, les Montréalaises peinaient. Malheureusement, ce n’était pas mieux lors des infériorités numériques. Leurs adversaires ont d’ailleurs compté deux buts dans ces circonstances. Pointage final : 4-2 pour les visiteuses, devant une Place Bell bruyante et pleine à craquer.

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Laura Stacey (7) et Savannah Harmon (15) devant la gardienne Emerance Maschmeyer

L’entraîneuse-chef des Montréalaises, Kori Cheverie, n’a pas caché son mécontentement. En conférence de presse, avant même la première question des journalistes, elle a déclaré, en français : « On doit apprendre de ceci. C’est tout. »

La force de notre équipe, c’est sa profondeur. Il y a quelques trucs que les entraîneurs et moi n’avons pas aimés ce soir. Les unités spéciales. Tant l’avantage numérique que le désavantage numérique. Ça nous a fait mal. Ce fut aussi une semaine chargée. Nous devons composer avec des blessures significatives à des joueuses importantes de notre formation. Ce n’est pas facile, mais on n’a pas d’excuses.

L’entraîneuse-chef des Montréalaises, Kori Cheverie

« Cette semaine, on a donné plusieurs buts en infériorité numérique qui provenaient de loin. On ne se place pas assez rapidement dans les lignes de tir, ou on leur permet de dévier la rondelle près du filet. »

Kori Cheverie s’est aussi mordu les lèvres pour ne pas critiquer le travail des arbitres – ce qu’elle a quand même un peu fait, en soulignant leur mauvaise communication.

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Mélodie Daoust et Emerance Maschmeyer

Après le sprint éreintant des derniers jours, les Montréalaises profiteront d’une semaine à domicile, avant de s’envoler vers Pittsburgh pour un match en territoire neutre, dimanche prochain. Ça laissera sept jours à Marie-Philip Poulin pour retrouver la santé. « Qu’elle soit là ou non, il y a un travail à faire », a indiqué Kori Cheverie.

Et quelles sont les chances de voir la capitaine en uniforme lors du prochain match ?

« Je suis ni confiante ni pas confiante. Je suis quelque part au milieu. J’essaie de rester le plus calme possible, parce que je ne connais pas la réponse présentement. Je ne sais pas quand elle reviendra. Nous continuerons de faire ce que nous avons fait avec toutes nos joueuses depuis le début de la saison. On veut s’assurer qu’elles soient en santé. C’est la priorité. Nous prenons les précautions nécessaires. C’est une longue saison. Nous ne voulons pas précipiter quelque chose comme ça ni placer une joueuse dans une position qu’elle devrait éviter. »