Passé la mi-chemin de la saison inaugurale de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), les Montréalaises trônent au sommet du circuit. La formation peut dire merci au talent offensif de joueuses comme Marie-Philip Poulin et au brio de ses gardiennes, bien sûr. Mais les raisons de ce succès ne s’arrêtent pas là.

« On est chanceuses d’avoir une entraîneuse de ce talent-là », a estimé l’attaquante Catherine Dubois après l’entraînement matinal à l’Auditorium de Verdun. « C’est incroyable à quel point elle connaît la game. »

Dubois parle ici de Kori Cheverie, pilote de l’équipe montréalaise. Elle vante notamment son « intelligence » hockey et les « détails très intéressants » qu’elle transmet à ses joueuses avant les matchs.

« Ce n’est pas juste de l’information pour de l’information, explique Dubois. C’est toujours concret. […] J’ai eu de bons entraîneurs dans ma carrière, mais je pense que Kori amène une autre vision de la game qui vient vraiment m’aider au niveau de ma compréhension du match. »

Ann-Sophie Bettez en a aussi connu beaucoup, des coachs, au fil d’un parcours de près de 20 ans dans le hockey. Pour la vétérane, la « force » de Cheverie, c’est de « bien s’entourer » avec « une belle équipe d’entraîneurs ». Elle nomme entre autres les deux Alex, Imbeault et Tremblay, qui aident les joueuses dans leurs aptitudes de maniement de rondelle et de patinage. Ainsi que Noémie Marin qui a, comme Cheverie, de l’expérience avec l’équipe nationale canadienne.

« Elle est à l’écoute des autres et capable de partager son savoir-faire », souligne Bettez, juste avant de rappeler que Kori Cheverie a aussi travaillé brièvement pour les Penguins de Pittsburgh l’été dernier.

« Cette expertise-là, elle nous l’amène bien et nous fait grandir dans ce monde professionnel. »

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À la mi-saison, les Montréalaises trônent au sommet de la LPHF.

Et que pense la principale intéressée de son propre rendement ?

« Il y a toujours lieu de s’améliorer », juge Cheverie, qui est âgée de 36 ans. « Je suis encore relativement à mes débuts, je vais toujours continuer d’apprendre et de grandir. Cette saison a été exigeante, mais positivement. »

Elle dit se « mettre au défi » en tant qu’entraîneuse, notamment dans sa façon de réagir lorsque se produisent « des moments que l’on voit moins souvent » en situation de match.

Sa patronne Danièle Sauvageau, celle qui l’a embauchée, se dit « très satisfaite » du travail qu’elle accomplit jusqu’à maintenant.

« Le climat d’équipe va super bien », se réjouit la directrice générale, qui attribue également du mérite au personnel qui accompagne Cheverie dans cette aventure.

C’est un modèle qui est particulier ici. Je voulais m’assurer qu’on encadre les joueuses avec de la qualité technique, du détail. […] Je suis extrêmement fière des gens derrière les portes closes qui nous aident. Des spécialistes. Ça fait partie de l’ADN de l’équipe qu’on veut former ici à Montréal.

Danièle Sauvageau

Un calendrier chargé

C’est rare pour un 5 mars : il faisait carrément plus froid à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Auditorium de Verdun. Venues rencontrer les médias dans un coin de la patinoire secondaire de l’enceinte, nos interlocutrices ont toutes formulé leurs mots en exhalant de la condensation.

Ce qui témoigne de l’intérêt de la soixantaine de partisans de l’équipe venus assister à l’entraînement de leur club, mardi. C’est le printemps en hiver à Montréal, c’est la semaine de relâche, mais des jeunes et moins jeunes sont venus s’asseoir ici pour encourager l’équipe féminine de hockey de Montréal pendant son entraînement.

Il y a tellement de choses à faire, il fait beau. Mais quand un papa me dit qu’il a choisi de venir ici […] parce que ses garçons le lui ont demandé, je pense que ça résume beaucoup de choses.

Danièle Sauvageau

Plusieurs sont même restés jusqu’à la fin pour se procurer des autographes, notamment de Marie-Philip Poulin à sa sortie de la glace.

La joueuse étoile ne pouvait toutefois pas s’éterniser puisque l’équipe s’apprêtait à prendre l’autocar en direction du Connecticut, où elle disputera contre New York le premier de trois matchs en cinq jours, ce mercredi. Montréal rendra ensuite visite à Toronto vendredi, puis sera de retour à la Place Bell contre Ottawa dimanche.

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Marie-Philip Poulin

Toutes les Montréalaises interrogées mardi indiquent devoir prendre cette semaine chargée « un match à la fois ». Bettez va un petit peu plus loin, soulignant devoir y aller « période par période », les « décortiquant » en séquences de « cinq minutes ».

« Il ne faut pas voir ça comme trois matchs en cinq jours, mais y aller étape par étape, faire confiance au plan de match et appliquer les conseils sur la glace. »

« On ne joue pas pour notre nom dans le dos »

La brasserie Molson a annoncé un nouveau partenariat avec la LPHF, mardi matin. L’entreprise tentera un projet pilote pour le match de vendredi entre Montréal et Toronto : dans le cadre de la Journée internationale des femmes, Molson souhaite que les noms des joueuses ne soient plus cachés par leurs cheveux dans le haut haut du dos, mais plutôt mis en évidence en bas de leur numéro. Cette initiative avait déjà été tentée dans la Premier Hockey Federation auparavant.

IMAGE TIRÉE DE LA PUBLICITÉ DE MOLSON

La brasserie Molson a annoncé un nouveau partenariat avec la LPHF, mardi matin.

« Je suis un peu indifférente, a lancé d’emblée Ann-Sophie Bettez. Il y en a qui disent que les cheveux cachent [le nom], mais s’il rentre dans ton pantalon… »

Danièle Sauvageau fait une remarque semblable, soulignant que l’opinion des gens à qui elle a parlé est « partagée » et que « ça va faire jaser ».

Pour Kori Cheverie, la bonne nouvelle, c’est l’intérêt démontré par les commanditaires.

Molson ne manque pas de souligner que l’entreprise sacrifie un peu de sa visibilité dans le cadre de cette campagne, en mettant son nom sous les cheveux des joueuses.

« C’est une façon créative d’aider à promouvoir notre ligue et nos joueuses, croit Cheverie. C’est super. »

Cela étant, « je sais que nos joueuses sont probablement plus intéressées à représenter Montréal », ajoute la technicienne.

En plein dans le mille.

« La réalité, c’est qu’on ne joue pas pour notre nom dans le dos, rappelle Dubois. On joue pour le nom en avant, pour l’équipe, pour la ville. On joue pour les fans. »

Le flou entoure Daoust

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Marie-Philip Poulin (29), Mélodie Daoust (25) et Laura Stacey (7) célèbrent un but marqué contre l’équipe de Boston.

Mélodie Daoust, légende du hockey canadien, a marqué un but lors de son tout premier match avec l’équipe montréalaise, samedi dernier. Comme elle a un simple contrat de 10 jours en poste en raison de ses obligations professionnelles, ni Cheverie ni Sauvageau n’ont souhaité confirmer sa présence pour le match contre New York, mercredi. « Est-ce qu’elle va nous rejoindre ? demande la DG. C’est une possibilité. » Par ailleurs, avec le championnat que viennent de remporter les Stingers de Concordia, Danièle Sauvageau a indiqué « suivre de près » l’attaquante québécoise Emmy Fecteau en vue du prochain repêchage de la LPHF. « Emmy s’entraîne ici l’été, donc on la connaît », souligne la DG avant de la féliciter pour ses cinq années passées au sein du programme de Concordia. « Il va falloir qu’elle s’inscrive au repêchage. »