Pour le suspense, on repassera. La loterie organisée pour déterminer l’ordre de sélection des 16 premières équipes au prochain repêchage de la LNH a reproduit intégralement le classement inversé de la saison. Les Sharks de San Jose ont ainsi décroché le tout premier rang, et le Canadien de Montréal, le cinquième.

Les Blackhawks de Chicago et les Ducks d’Anaheim ont quant à eux hérité du deuxième et du troisième choix, respectivement.

Vu sa 28place au classement, le Tricolore avait 8,5 % des chances d’obtenir le premier choix. Seuls les Sharks (25,5 %), les Blackhawks (13,5 %), les Ducks (11,5 %) et les Blue Jackets de Columbus (9,5 %) étaient en position plus avantageuse.

Vu le complexe processus mis en place par la ligue, le Tricolore avait en réalité bien plus de chances (56,2 %) de reculer de un ou deux rangs que de conserver le cinquième (24,5 %) ou d’améliorer son sort (17,4 %). En ce sens, il est chanceux de se retrouver au même échelon que l’an dernier. En juin 2023, l’organisation avait choisi le défenseur autrichien David Reinbacher.

Au cours d’une visioconférence organisée immédiatement après le dévoilement des résultats de la loterie, le directeur général du Tricolore, Kent Hughes, s’est dit satisfait de la tournure des évènements. Depuis la fin du calendrier, l’équipe de direction travaillait déjà en fonction du cinquième rang, même si, « comme toutes les équipes », on espérait gagner la loterie.

Nous avons confiance d’être en mesure de repêcher un bon joueur.

Kent Hughes, directeur général du Canadien

Pour l’heure, il est « fort probable » que ce cinquième choix sera utilisé pour sélectionner un joueur et non comme monnaie d’échange, a dit le DG, qui a toutefois rappelé qu’il était « toujours ouvert » à améliorer son équipe. L’an dernier, d’autres clubs ont tenté de lui soutirer son choix, et lui-même a contacté ses homologues pour discuter de possibles transactions. Aucune entente n’avait toutefois été conclue.

Invité par un journaliste à indiquer quel genre d’offre serait, à ses yeux, impossible à refuser, Hughes a souri et répété son mantra habituel : « Une offre qui nous permettrait de [progresser] l’an prochain, mais aussi à long terme. »

Un attaquant d’abord

Un coup d’œil à l’organigramme du Canadien révèle rapidement deux états de fait. D’abord, une surabondance de jeunes défenseurs, dont certains des plus prometteurs (Reinbacher, Lane Hutson, Logan Mailloux) ne jouent pas encore dans la LNH. Ensuite, un manque flagrant de relève en attaque.

Il n’était donc pas surprenant d’entendre Kent Hughes déclarer, comme il l’avait fait à son bilan de fin de saison il y a quelques jours, qu’à talent égal, il sélectionnera un attaquant lorsque son tour de parole viendra.

Plusieurs fois, il a répété que son groupe de recruteurs et lui auraient du pain sur la planche pour déterminer la stratégie à adopter le 28 juin au soir, moment où aura lieu le repêchage 2024. Les premières rencontres à ce sujet commenceront la semaine prochaine.

On peut d’emblée présumer que Macklin Celebrini ne sera plus disponible pour le Tricolore. Le joueur de centre des Terriers de l’Université de Boston deviendra presque assurément un membre des Sharks, détenteurs du premier choix. Le directeur général Mike Grier l’a d’ailleurs pratiquement confirmé sur les ondes de NHL Network, mardi soir. À 17 ans, et à sa première saison dans la NCAA, Celebrini a amassé 64 points, dont 32 buts, en 38 matchs. Cette performance lui a valu le trophée Hobey-Baker, remis au joueur par excellence des rangs universitaires américains.

Le consensus s’arrête toutefois là. Bob McKenzie, de TSN, a décrit comme totalement « imprévisible » l’ordre projeté des choix suivants, tant les opinions diffèrent sur les joueurs en présence. Le bassin de talents est évident, mais après Celebrini, « cinq ou six équipes pourraient avoir le numéro 2 de leur liste respective », estime McKenzie. Kent Hughes a d’ailleurs fait écho à cette analyse et a semblé partager cette perception.

L’attaquant Ivan Demidov ainsi que les défenseurs Artyom Levshunov et Anton Silayev suscitent de l’enthousiasme, tout comme Cole Eiserman et Cayden Lindstrom, eux aussi des attaquants. Mais comment le CH les évalue-t-il ?

Prudent, Hughes a réitéré sa préférence envers un attaquant « qu’on croit capable de devenir un joueur de premier plan ». « Mais ça peut aussi être un défenseur si on croit que c’est le meilleur joueur disponible rendu à notre choix. On aura une décision à prendre. »

Ce qui est acquis, c’est qu’après trois sélections en trois ans dans le top 5 du repêchage (en incluant le tout premier choix en 2022), Kent Hughes estime que si son plan de reconstruction suit son cours normal, il ne cherchera plus à accumuler les choix aussi avantageux.

« On veut progresser d’une année à l’autre, a-t-il rappelé. On l’a déjà dit : on croit qu’il est temps qu’on soit dans le mix [des équipes en séries éliminatoires]. Si c’est le cas, on va repêcher plus tard l’an prochain. »

À moins, a-t-il nuancé, d’être exclus des séries et de remporter la loterie. Ce serait, le cas échéant, une belle surprise pour lui et pour l’organisation. Une moins belle surprise serait de finir, encore une fois, parmi les pires équipes du circuit.

On aura amplement le temps d’en reparler d’ici l’an prochain. Ou d’ici la semaine prochaine. Ou d’ici demain.

Ordre de repêchage à la suite de la loterie

  1. Sharks de San Jose
  2. Blackhawks de Chicago
  3. Ducks d’Anaheim
  4. Blue Jackets de Columbus
  5. Canadien de Montréal
  6. Utah (anciens Coyotes de l’Arizona)
  7. Sénateurs d’Ottawa
  8. Kraken de Seattle
  9. Flames de Calgary
  10. Devils du New Jersey
  11. Sabres de Buffalo
  12. Flyers de Philadelphie
  13. Wild du Minnesota
  14. Penguins de Pittsburgh
  15. Red Wings de Detroit
  16. Blues de St. Louis