La journée a commencé avec une victoire éclatante. Celle de Leylah Annie Fernandez, qui a propulsé le Canada en finale de la Coupe Billie Jean King. Les Carabins ont enchaîné en remportant la Coupe Dunsmore. Puis les Alouettes ont causé la surprise en éliminant la meilleure équipe de la Ligue canadienne de football, les Argonauts de Toronto.

Dans le vestiaire du Canadien, quelques joueurs ont suivi la partie des Alouettes à la télévision. « En mangeant mon petit gruau », a précisé le gardien Samuel Montembeault. Dans les heures suivantes, les joueurs du Tricolore allaient avoir la chance de compléter une rare journée parfaite pour le sport montréalais. Le hic ? Leurs adversaires, les Bruins de Boston, venaient de remporter les 10 derniers affrontements entre les deux équipes.

Le Canadien était donc fortement négligé. Mais comme Fernandez, tombeuse de la septième raquette mondiale, et les Alouettes, seuls vainqueurs des Argonauts à Toronto cette année, le CH a confondu les sceptiques avec une performance inspirée.

Cette courte victoire de 3-2 était d’autant plus satisfaisante que les Bruins sont en première position dans l’Association de l’Est et qu’ils forment une des meilleures formations défensives de l’histoire récente de la Ligue nationale.

« Ce soir, nous étions à notre sommet », a réagi fièrement le vétéran Brendan Gallagher, toujours au cœur de l’action dans les parties fortes en émotion. Encore samedi, il a trouvé le moyen de déranger le gardien Jeremy Swayman, qui lui a donné deux ou trois taloches.

« Peux-tu nous résumer votre conversation ? », lui a demandé un collègue.

« En gros, je lui ai dit qu’il avait tort. Il n’était pas d’accord. Pour le reste, vous aurez tous les détails lorsque je sortirai ma biographie, dans 10 ans. »

Gallagher et Montembeault ont souligné avoir été motivés par l’énergie des spectateurs. C’était assurément la foule la plus attentive, la plus bruyante et la plus impliquée de la saison. L’imposant contingent de partisans des Bruins a forcé les fans du Canadien à s’époumoner, créant par moments une ambiance digne d’un gala de lutte. Ça faisait changement des dizaines de parties sans enjeu disputées par le Tricolore à Montréal depuis le début de la reconstruction.

On s’ennuyait de ces parties à très haute intensité, semblables à celles des séries. Franchement, c’était plaisant.

Chapeau à l’entraîneur-chef Martin St-Louis, qui gère son club pour gagner, et non pas seulement pour développer les jeunes. Cela lui va bien. Ses changements de trios, cette semaine, se sont avérés payants. Je sais que vous adorez voir Nick Suzuki et Cole Caufield ensemble. Moi aussi. Mais il faut reconnaître que la formation est beaucoup plus équilibrée depuis qu’ils sont séparés. Les écarts entre les trios, sur le plan défensif, sont aplanis. Le jeu collectif s’améliore. C’est intéressant.

Les amateurs de sport montréalais n’ont pas été gâtés depuis un an. Les quatre victoires consécutives de leurs chouchous, dans les dernières heures, leur ont permis de renouer avec la fierté, l’allégresse et la légèreté de se retrouver du côté des gagnants.

Samedi soir, au Centre Bell, aucun partisan du Canadien n’a hué l’équipe après le but gagnant de Kaiden Guhle. Aucun fan du Tricolore n’espérait une défaite qui permettrait peut-être d’améliorer de 0,5 % les chances de repêcher au premier rang l’été prochain.

Samedi soir, ils ont aimé Montréal qui gagne.