Voici ce qui a retenu mon attention dans le monde du sport durant l’été.

1. Nouvelle flambée des salaires

Imaginez : dans la NFL, quatre quarts-arrières ont signé des contrats de cinq ans d’une valeur supérieure à 250 millions, soit plus de 50 millions par saison (toutes les sommes dans cette chronique sont en dollars américains).

1. Joe Burrow, Bengals de Cincinnati, 275 millions

2. Lamar Jackson, Ravens de Baltimore, 260 millions

3. Justin Herbert, Chargers de Los Angeles, 262,5 millions

4. Jalen Hurts, Eagles de Philadelphie, 255 millions

Dans la NFL, les salaires ne sont pas entièrement garantis, mais peu importe, ces jeunes quarts ont fait sauter la banque.

Le phénomène est encore plus prononcé dans la NBA. Jaylen Brown, des Celtics de Boston, a accepté une prolongation de contrat de cinq saisons qui lui rapportera 304 millions, une moyenne de 60,8 millions par saison.

Les Lakers de Los Angeles ont ajouté trois autres saisons à l’entente d’Anthony Davis en retour de 186 millions. En clair, la vedette des Lakers recevra 62 millions par saison de 2025-2026 à 2027-2028.

Pour bien mesurer à quel point les salaires des étoiles de la NFL et de la NBA sont stratosphériques, il suffit de comparer avec la LNH. Le mois dernier, les Maple Leafs de Toronto ont accordé 53 millions à Auston Matthews. Mais cette nouvelle entente, qui entrera en vigueur l’année prochaine, est valide pour quatre saisons, soit une moyenne de 13,25 millions.

Pour la LNH, un tel chiffre est immense, puisque Matthews dépassera Nathan MacKinnon et Connor McDavid à titre de joueur le mieux payé du circuit. Dans le grand ordre des choses du sport professionnel nord-américain, cette somme est cependant modeste. En fait, même la Major League Soccer paie beaucoup mieux sa nouvelle tête d’affiche, Lionel Messi.

Sur le réseau social X, l’agent de joueurs Allan Walsh a publié des données révélatrices. Le joueur actuellement le mieux payé dans la LNH serait le 88e dans la NFL, le 103e dans le baseball majeur et le 113e dans la NBA.

Deux éléments expliquent ces différences. D’abord, les revenus de la LNH sont moindres que ceux des trois autres ligues, surtout sur le plan des contrats de télévision nationaux. Ensuite, le commissaire Gary Bettman a toujours joué dur avec les joueurs durant les négociations collectives et cela a provoqué des effets à long terme.

2. La sensation Carlos Alcaraz

Le jeune Espagnol s’est incliné en demi-finale des Internationaux des États-Unis la semaine dernière. Mais il demeure l’athlète le plus excitant de l’été.

PHOTO ROBERT DEUTSCH, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Carlos Alcaraz

Après s’être effondré physiquement et psychologiquement en demi-finale de Roland-Garros devant Novak Djokovic, Alcaraz s’est relevé en disposant du champion serbe en finale de Wimbledon. Ce fut un match électrisant, d’autant qu’on ne donnait pas cher de ses chances après qu’il eut été lessivé 6-1 au premier set.

Les deux hommes ont remis ça un mois plus tard à Cincinnati. Leur finale a été un moment d’anthologie, un duel digne du Grand Chelem. Djokjovic l’a emporté en puisant au bout de ses ressources.

Vraiment dommage qu’on n’ait pas assisté à un autre combat entre les deux stars à New York. La finale aurait été beaucoup plus excitante que cette victoire en trois petits sets de Djokovic aux dépens de Daniil Medvedev.

Le week-end de la fête du Travail, j’ai assisté pour la première fois en spectateur à des matchs des Internationaux des États-Unis. Le complexe est gigantesque et l’argent coule à flots : boutique de souvenirs, concessions alimentaires et restos, il y a des files partout. Le tournoi a fracassé un record d’assistance : près de 800 000 personnes ont franchi les tourniquets.

Plus de 400 000 Honey Deuces à 22 $ US chacun ont été vendus durant la quinzaine. Il s’agit d’un cocktail à base de vodka et de liqueur de framboise servi dans un verre souvenir en plastique dur, sur lequel les noms de tous les champions et championnes depuis 1968 sont écrits. À ce seul chapitre, les revenus atteignent environ 9 millions US !

3. La déception

L’époque où le monde du tennis s’émerveillait des succès des athlètes canadiens semble déjà loin. Bien sûr, Félix Auger-Aliassime (14e) et Denis Shapovalov (31e) occupent de belles places au classement de l’ATP. Mais ont-ils le potentiel de gagner un titre de tournoi du Grand Chelem ? J’ai longtemps cru que c’était possible pour Auger-Aliassime, mais il n’a pas progressé cette saison.

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Félix Auger-Aliassime

Cette année, dans les tournois majeurs, Auger-Aliassime a atteint la quatrième ronde en Australie, mais il a été éliminé dès le premier tour en France, en Angleterre et aux États-Unis. L’année 2024 sera déterminante pour lui.

L’ennui, c’est que la concurrence est toujours plus féroce. Si Alcaraz demeure en santé, il sera le joueur dominant de sa génération. Et d’autres espoirs, plus jeunes que les deux Canadiens, ont un brillant avenir devant eux : le Danois Holger Rune, l’Italien Jannik Sinner, l’Américain Ben Shelton…

Chez les femmes, Bianca Andreescu, victime de nombreuses blessures, n’a toujours pas retrouvé la forme. Et Leylah Annie Fernandez connaît une saison décevante. Toute une côte à remonter dans les deux cas.

4. Les fans new-yorkais

Les difficultés du Canadien, des Alouettes et du CF Montréal vous impatientent ? Consolez-vous, d’autres fans souffrent aussi.

À New York, les Jets fondaient tous leurs espoirs sur l’arrivée du quart-arrière Aaron Rodgers. On connaît la suite : sa saison a pris fin après quatre jeux en raison d’une déchirure du tendon d’Achille.

PHOTO SARA NAOMI LEWKOWICZ, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Les partisans des Jets de New York ont reçu une douche froide lors du premier match de l’équipe, lundi soir…

Comme l’a rappelé le New York Times, les malheurs des équipes de la ville ne s’arrêtent pas là.

Toujours dans la NFL, les Giants ont amorcé leur saison en étant corrigés 40-0 par les Cowboys de Dallas.

Au baseball, malgré des investissements colossaux en salaires, les Mets sont largués au classement. Les Yankees, qui dépensent aussi une fortune, ne participeront pas aux séries. Ça ne va guère mieux en Major League Soccer avec les Red Bulls et le FC.

« Cet été, écrit le Times, le Liberty de la WNBA [basket féminin], qui amorce cette semaine le premier tour éliminatoire, est la seule équipe à être mieux que médiocre. »

Toutes ces organisations peuvent pourtant se payer les meilleurs dirigeants. Alors, comment expliquer ces insuccès ? Une théorie : peut-être que les gros budgets diminuent la créativité et le flair dans la construction d’une équipe.