(New York) Comme en 2021, Novak Djokovic joue dimanche pour l’histoire : il vise aux Internationaux des États-Unis un 24e titre majeur pour égaler le record absolu de Margaret Court, mais comme il y a deux ans, il va retrouver sur sa route Daniil Medvedev, qui l’avait empêché de réaliser un Grand Chelem calendaire.

Cette défaite en 2021 est l’une des plus traumatisantes de sa carrière, alors que le Serbe, dont la chasse aux records est désormais la raison de vivre sur le circuit, n’était qu’à trois sets de devenir le premier joueur à remporter les quatre Majeurs la même année depuis Rod Laver en 1969.

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Daniil Medvedev, étendu sur la surface de jeu du stade Arthur-Ashe, après sa victoire en finale des Internationaux des États-Unis 2021

« Submergé par les émotions », selon ses aveux – il a même pleuré sur le court lors d’un changement de côté en fin de partie –, le Djoker n’avait pu opposer son meilleur niveau à Medvedev.

Cette fois, alors qu’il a de nouveau joué les finales des quatre Majeurs de la saison, mais n’est plus en course pour le Grand Chelem calendaire, il tente de se mettre dans un autre état d’esprit, en minimisant au préalable la portée d’une éventuelle victoire.

Ne pas y penser

« Chaque fois que je joue une finale de tournoi du Grand Chelem, je suis conscient que c’est une occasion d’écrire une page de l’histoire du tennis, et j’en suis fier. Mais je n’ai pas le temps, et je m’interdis de trop penser à l’aspect historique », assure Djokovic.

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Novak Djokovic après sa victoire en demi-finales vendredi

D’autant que ce record de Margaret Court, il a déjà cru pouvoir se le mettre dans la poche. C’était en juillet, à Wimbledon, lors de son premier duel en finale de tournoi du Grand Chelem contre Carlos Alcaraz qu’il a perdu après avoir été invaincu dans le tournoi sur gazon depuis sa défaite en quarts de finale en 2017.

J’ai été tout près d’atteindre les 24 à Londres, mais j’ai perdu contre plus fort que moi une finale serrée en cinq sets.

Novak Djokovic

À Flushing Meadows, il aura en face de lui Medvedev, qui, lui aussi, avait mis fin à une série historique de 27 matchs remportés d’affilée sur la saison en tournoi du Grand Chelem. Le Russe a en effet éliminé en demies Alcaraz, rappelant combien il était fort sur dur, sa surface fétiche.

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Daniil Medvedev après avoir eu le dessus sur Carlos Alcaraz vendredi

Il se présentera dimanche avec le meilleur bilan sur cette surface de la saison et même des cinq dernières années : il compte 38 victoires en 2023 (4 titres à Rotterdam, Doha, Dubaï et Miami), et depuis 2018, il est le joueur le plus récompensé, avec 18 titres dont les Internationaux des États-Unis 2021, 28 finales, dont les Internationaux des États-Unis 2023 et 2019, ainsi que les Internationaux d’Australie 2021 et 2022, et 234 matchs gagnés.

« Situation de danger »

Alcaraz et lui sont les plus récents joueurs à avoir battu Djokovic en finale de Grand Chelem, mais le Russe se méfie néanmoins grandement du Serbe, qui jouera sa 10e finale américaine (record de Bill Tilden égalé), la 36e en tournoi du Grand Chelem (nouveau record avec cinq longueurs d’avance sur Roger Federer).

« Chaque fois, il est plus fort qu’au match précédent, explique Medvedev. En 2021, je l’ai battu aux Internationaux des États-Unis, et la fois d’après, il m’a battu à Bercy. Il a perdu à Wimbledon contre Alcaraz et l’a battu à Cincinnati la fois suivante », estime le Russe.

Je vais affronter dimanche le meilleur Novak possible et il faudra que je sois moi-même à un niveau que je n’ai encore jamais atteint si je veux essayer de le battre.

Daniil Medvedev

Djokovic (36 ans) et Medvedev (27 ans) se sont déjà affrontés 14 fois, avec 9 victoires pour le Serbe. Sur le plan tactique, les deux joueurs savent donc à quoi s’attendre.

« On sait tous les deux à peu près ce qu’il faut faire. Mais c’est toujours pareil, tu sais ce qu’il faut faire, mais maintenant il faut arriver à le faire », souligne le Russe.

Son entraîneur, le Français Gilles Cervara, estime que ce sera surtout une histoire psychologique.

« Il faut se remettre dans une situation de danger et d’incertitude qui fait que tu es au top du top, explique le coach. Le danger, c’est de croire qu’on a des pistes et qu’on sait comment faire. Non, non, non, on ne sait pas comment faire ! Contre Alcaraz, c’était un grand match, une grande victoire, mais ce n’était qu’une demi-finale. Il faut la victoire finale ! »