L’itinérance et moi ?

Ça me concerne, car c’est de mon fils qu’il s’agit. Depuis au moins un an, il va à la rue, il en sort, il fait une thérapie, replonge, retourne à la rue, cherche à se loger… sans résultat.

J’en suis témoin, car ma façon de l’aider, c’est de lui donner des lifts au besoin pour ses démarches. Vous connaissez Les 12 travaux d’Astérix ? C’est exactement ça. En ce moment, il est à Longueuil pour une autre thérapie, fermée, d’un minimum de trois mois. Quand il sortira, il aura le même problème qu’il a tout le temps : où se loger ?

On lui dit : « Ici, c’est la thérapie et pas de l’aide au logement. » Alors on a fait presque le tour de la ville, mon fils et moi. Il avait trouvé (peut-être) un logement, mais le bail devait être cosigné. Après toutes ces années difficiles, plus personne ne veut prendre ce risque et être responsable. Alors, il reste la rue, et dans la rue, on consomme.

Je lisais qu’à Houston, au Texas, il y a un organisme qui aide ces itinérants à trouver un logement sans condition préalable. Et ça marche. À quand une telle initiative chez nous ?

Ce matin, mon fils m’a téléphoné pour me dire qu’il avait le privilège de sortir avec un « bro » pour s’entraîner et aller à une rencontre des AA à Montréal. Il a obtenu ce privilège parce qu’il a eu une bonne conduite, mais pour le voir, je devrai faire l’aller-retour Québec-Longueuil.

Et parce que nous sommes de Québec, que lui arrivera-t-il quand il sortira et qu’il n’aura nulle part où se loger ? Je ne sais pas. J’ai 76 ans, et je n’ai pas de chambre supplémentaire. Ma thérapie (à moi) m’a appris à lâcher prise, mais une mère est-elle vraiment capable de lâcher prise ?

Je n’écris surtout pas pour faire pitié, mais c’est ma réalité et celle de bien d’autres mères comme moi dont l’enfant a mal à l’âme.

Exceptionnellement, nous avons permis à l’auteure de ne signer qu’avec son prénom afin de protéger l’identité de son fils.