Notre dossier Contexte sur la masculinité moderne a suscité de nombreux commentaires, dont voici une sélection.

Un saut dans le vide

Père d’un fils de 7 ans, je suis confronté à cet enjeu. Mon père, sans être masculiniste, a toujours été très conservateur dans les questions de genre, et comme petit garçon sensible, je n’ai pas eu une belle relation avec lui avant ma majorité. Je suis maintenant confronté à ce défi avec mon fils : essayer de faire différemment de mes aînés, mais en me jetant un peu dans le vide. J’espère qu’avec le temps et des articles comme les vôtres, les hommes progressistes pourront mieux définir leur place et donner à leurs fils la chance d’être sensibles sans qu’ils aient l’impression d’être inadéquats sur le plan de la masculinité.

Maxime Coursol, Saint-Jérôme

Ressentir les émotions

Être un homme, c’est d’abord être conscient et ressentir la vie qui circule dans mon être. S’il ne ressent pas ses émotions et son corps, il est comme une plume dirigée par le vent. Dès le plus jeune âge, avant que l’ego soit bien ancré, l’enfant a besoin d’un entourage qui le reçoit dans sa sensibilité et dans sa différence. J’aimerais que la première année d’école soit une année de cheminement personnel.

Rejean Doiron, Bertrand

Bon, fort et courageux

Un homme, c’est un modèle pour les garçons. Les garçons sont naturellement inspirés par un homme bon et veulent l’imiter. Un homme, c’est fort et courageux. La définition de ces adjectifs est importante. Être fort et courageux peut s’exprimer de différentes manières. Un homme bon va être capable de l’exprimer dans toutes ses nuances et il va assumer ses propres couleurs, sa propre nature. Fort : il prend soin des gens qu’il aime et il protège femmes et enfants. Il prend la responsabilité de ses problèmes et trouve des solutions. On peut compter sur lui en cas de problème. Il est là pour nous écouter, nous encourager, nous aider. Courageux : il fait face à ses peurs, encourage les autres à se dépasser, ose être vulnérable et pleurer, ose aller chercher de l’aide quand c’est nécessaire et accepte l’aide qu’on lui propose. Être un homme, c’est merveilleux.

Carl-Olivier Laroche, Montréal

Des modèles dans les séries

Je ne sais pas ce qu’est « être un garçon ». Par contre, je vois l’évolution. Je crois que les jeunes qui regardent des séries telles que SKAM, Heartstopper, Young Royals, Sex Education, etc. sont face à des modèles variés de masculinité. Ces séries transforment pour le mieux le regard des adultes, le regard des jeunes sur la diversité sexuelle. C’est une révolution.

Maryse Pellerin, Sutton

Devenir un « vrai » homme fort

Les études montrent que les préjugés et stéréotypes sexuels orientent nos jeunes garçons à s’intéresser à des objets et activités (ex. : jouer aux pompiers, policiers, soldats) qui définissent des rôles spécifiques (ex. : protecteurs, aventuriers sans peur). Nous savons également que les parents, eux-mêmes conditionnés dans leur enfance, seront les principaux formateurs de stéréotypes genrés chez leurs jeunes garçons.

De façon inconsciente, les parents vont souvent désapprouver les comportements et les attitudes de leur garçon qui ne s’inscrivent pas dans le registre de ce qui est convenu comme masculin. Si vous incitez un garçon préscolaire à jouer à la poupée en présence de ses parents, vous observerez aussitôt un malaise non pas chez l’enfant (bien au contraire), mais chez la plupart des parents présents. Plus tard, les amis d’âge scolaire maintiendront les stéréotypes avec ferveur à grand coup de dénigrement (ex. : traiter l’autre de mauviette).

Comme société, nous pouvons mettre en place des règles et conditions de vie visant l’égalité entre les sexes (ex. : toilettes non genrées). Mais cela ne sera d’aucune utilité tant que les parents ne seront pas amenés à faire une introspection quant à leurs perceptions de ce qui est masculin et féminin et leurs conduites parentales qui en résultent.

Et il est urgent de le faire, car nous constatons que les stéréotypes imposés à nos jeunes garçons font mal. Ils perturbent la sécurité des filles devenues femmes qui se voient confrontées au masculinisme de plus en plus décomplexé. Aussi, les stéréotypes orientent l’homme à vivre dans un monde où l’expression de ses réels sentiments tels que la peur et ses besoins de réconfort ne peuvent jamais être manifestés. Or, se développer dans de telles conditions incite le garçon à se détourner de ses réels besoins et contribue à des troubles adaptatifs majeurs.

Tous les humains ont besoin d’abord et avant tout d’exprimer leurs émotions. Autoriser nos jeunes garçons à pleurer, avoir peur, ne pas se sentir à la hauteur, doit faire partie de leurs apprentissages, car cela a un impact majeur sur leur santé mentale. En fait, apprendre à exprimer nos émotions entre dans le registre de nos besoins vitaux au même titre que de manger, dormir et aller aux toilettes. Ne privons plus nos jeunes garçons de ce monde apaisant des sentiments.

Or, pour devenir de vrais hommes forts, il faut donc que les garçons (petits et grands) apprennent à ouvrir leur « canal affectif », car c’est par ce canal que notre humanité s’exprime et que les plus belles choses de la vie nous arrivent.

Frankie Bernèche, professeur de psychologie

1. Lisez notre dossier « Devenir un homme »