Des dizaines d’enseignants ont bien voulu nous faire part des solutions qu’ils mettraient de l’avant pour bonifier le système d’éducation.

Ramener les redoublements

Ne pas faire monter de niveau un jeune en trop grande difficulté. Ce n’est pas vrai qu’il peut reprendre tout ce qu’il n’a pu maîtriser dans une année en plus des nouveaux acquis. Il est aussi irréaliste et non gagnant de mettre dans un groupe régulier des élèves avec différentes problématiques. Un enseignant formé pour enseigner dans une classe ordinaire ne possède pas les acquis pour enseigner à des élèves trop lourdement hypothéqués. Je crois qu’il serait bien de revenir aux groupes qui existaient auparavant, selon le niveau de l’élève.

Johanne Cadotte, enseignante au secondaire qui vient de quitter le réseau de l’éducation

Un coup de main des conseillers pédagogiques

J’irais chercher une grande partie des nombreux conseillers pédagogiques dans nos centres de services scolaires et je les placerais dans toutes nos écoles primaires et secondaires. Ce personnel qualifié possède une riche expérience dans les écoles, car ces professionnels ont été bien souvent des enseignants avant de devenir conseillers pédagogiques. Ils seraient une ressource précieuse et pourraient devenir des mentors pour les futurs enseignants peu expérimentés ainsi que pour le personnel non qualifié. Les directions de nos écoles sont débordées et manquent de moyens pour superviser et encadrer le personnel non qualifié.

Liliane Messier, enseignante au primaire

Davantage de périodes de récupération

Enlever les surveillances de corridor et augmenter nos périodes de récupération avec les élèves. Instaurer un système rémunéré de mentorat par matière pour que les meilleures pratiques pédagogiques soient transmises aux nouvelles enseignantes. Rétablir immédiatement les directions pédagogiques afin de garder un contrôle sur la qualité de ce qu’on fait. Faire passer de trois à deux le nombre de bulletins en ajoutant au besoin un bulletin intérimaire parce qu’on est constamment en train d’évaluer.

Renaud Labesse, enseignant au secondaire

 Favoriser une intégration réussie

Une révision majeure de la Politique d’intégration des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage en classe ordinaire du ministère de l’Éducation s’impose. On se retrouve avec trop d’élèves qui ont un plan d’intervention dans chaque groupe. Cependant, pour que l’intégration soit réussie, certaines mesures de soutien doivent être mises en place pour aider l’enseignante. Or, ce n’est pas le cas actuellement pour des raisons variées (manque de personnel, ressources financières, etc.).

France Joyal, enseignante à la retraite qui a 30 ans d’expérience en adaptation scolaire

Une formation raccourcie… et rémunérée

Il faut mettre fin au baccalauréat de quatre ans en enseignement, pour le remplacer par un baccalauréat de trois ans avec des stages d’enseignement dès la première année. Les stages de deuxième et troisième année devraient être rémunérés. Il faut aussi une collaboration serrée entre les écoles et les universités, qui pourraient nous aider à obtenir un bassin de suppléants plus qualifiés plus rapidement. Aussi, il faut permettre le travail à distance pour des tâches qui peuvent se faire plus efficacement à la maison, comme la correction.

André Lavallée, enseignant dans une école secondaire publique

Offrir des postes de qualité

Il faut cesser de découper les postes des professionnels en minutes pour économiser le plus possible. Des professionnels stables dans les écoles assurent une stabilité autant pour les élèves que pour les profs. Une personne orthophoniste, psychologue ou orthopédagogue à qui on demande de visiter quatre écoles en cinq jours préfère de beaucoup ouvrir son bureau privé et avoir une meilleure qualité de vie. Offrons des postes de qualité pour un suivi de qualité pour tous les élèves et non pas seulement pour ceux dont les parents ont les moyens de payer les services privés.

Élaine Bertrand, enseignante nouvellement retraitée

 Pour un ordre professionnel

Un ordre professionnel, ça urge ! L’éducation est une science, il est temps qu’on le crie haut et fort ! Ça aidera les nouveaux enseignants.

Danielle Charland, directrice d’école à la retraite

 Couper les vivres au privé

Cesser de financer les écoles privées permettrait de ramener d’excellents élèves dans le secteur public, ce qui modifierait grandement la composition de la classe dite régulière au secondaire. L’enseignement deviendrait beaucoup plus agréable puisque les élèves avec un plan d’intervention seraient encore plus minoritaires, ce qui n’est pas le cas actuellement. Environ un tiers des élèves d’un groupe régulier ont des difficultés d’apprentissage. Sans ressources, l’enseignant de ces groupes se démotive plus facilement puisqu’il a de la difficulté à suivre son programme.

Johanne Hotte, enseignante au secondaire

Attirer davantage de jeunes enseignants

Les élèves à besoins particuliers devraient être regroupés dans des classes moins nombreuses et profiter de services adéquats plutôt que d’être intégrés dans des classes ordinaires et alourdir la tâche déjà difficile des enseignants. Évidemment, ces solutions demandent un plus grand nombre d’enseignants, ce qui est difficile dans un contexte de pénurie. Si la profession était davantage valorisée, les jeunes seraient plus attirés vers l’enseignement et ces solutions pourraient être envisagées. Un adulte par classe, c’est dénigrer les enseignants légalement qualifiés !

Lise Boudreau, enseignante à la retraite

Note : Les commentaires ont été condensés par souci de concision.