Quand la canicule frappe, les élèves ont trop chaud : en mai dernier, le quart des classes au Québec affichaient une moyenne de plus de 26 degrés Celsius au thermomètre, montrent les données du ministère de l’Éducation. C’est au-delà des températures recommandées à l’intérieur, l’été.

La semaine du 29 mai a été particulièrement chaude, au Québec. Le jeudi 1er juin, Environnement Canada a enregistré une température maximale de 34 ℃ à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal. Le lendemain, en début d’après-midi, le mercure a grimpé jusqu’à 31,6 ℃.

Cette semaine-là, en pleine période d’examens de fin d’année, nombre d’enseignants ont témoigné qu’il faisait très chaud dans leurs classes.

Les données compilées par le ministère de l’Éducation leur donnent raison : pour la semaine du 29 juin, la température moyenne hebdomadaire était supérieure à 26 °C dans 24,9 % des 79 522 locaux pour lesquels Québec a des mesures.

Or, le ministère de l’Éducation écrit que « pour assurer une bonne qualité d’air intérieur en milieu scolaire », il faut une température ambiante variant entre 20 et 26 °C.

Dans un document sur la qualité de l’air intérieur, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) note pour sa part que « de manière générale, l’American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE) recommande de maintenir la température de 20 °C à 24 °C l’hiver, et de 24 °C à 26,5 °C (75 °F à 80,5 °F) l’été ».

Un portrait d’ensemble plus clair

Ce sont lecteurs de dioxyde de carbone (CO2) installés dans des écoles depuis la pandémie de COVID-19 qui permettent d’avoir un portrait un peu plus juste de ce qui se passe dans les classes en période de grandes chaleurs. Ces appareils mesurent aussi la température dans les classes, et les données sont transmises au ministère de l’Éducation. Les chiffres incluent des données des écoles publiques et privées, note Québec.

Est-ce que la moyenne était encore plus élevée la semaine dernière, quand des centres de services scolaires ont choisi de fermer leurs écoles pour cause de chaleur accablante ?

Au Ministère, on nous répond que « le temps requis pour compiler et analyser les données reçues prend environ huit semaines », et qu’elles devraient être disponibles au mois de novembre.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs enseignants ont rapporté des températures avoisinant les 30 ℃ et des taux d’humidité frôlant les 80 % dans leur local dans les jours ayant suivi la fête du Travail.

Dans le document publié sur son site internet où on détaille les données recueillies le printemps dernier, le ministère de l’Éducation conclut, en regroupant les températures de mai et de juin 2023, que « près de 93 % des locaux ont une température moyenne hebdomadaire adéquate [entre 20 °C et 26 °C] ».

Des écoles vétustes à « adapter »

La présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, Catherine Beauvais-St-Pierre, qui représente les enseignants du centre de services scolaire de Montréal, note que de telles vagues de chaleur sont appelées à se produire de plus en plus souvent.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

La présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal, Catherine Beauvais-St-Pierre

La solution est à la fois simple et complexe : c’est d’adapter nos bâtisses à cette réalité, c’est transformer nos bâtisses vétustes en bâtisses de 2023.

Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal

Car dans les écoles, les journées où il fait chaud sont souvent en partie « perdues », ajoute-t-elle.

« On a des élèves qui ont de la difficulté à travailler. Quand on garde les écoles ouvertes, on fait ce qu’on peut. On a souvent des élèves qui sont amorphes, d’autres qui ne se sentent pas bien », illustre Mme Beauvais-St-Pierre.

Elle ne plaide pas pour la fermeture des écoles ou l’enseignement à distance lors de journées trop chaudes. Dans le contexte montréalais, dit la présidente du syndicat, « ça ne va qu’augmenter les inégalités sociales ».

« Oui, on aurait des élèves qui apprendraient bien installés de leur salon climatisé, mais on aurait aussi des élèves dans des 4 ½, avec six enfants de la même famille, qui n’apprendraient pas bien. Le mieux, c’est que le lieu où les élèves apprennent soit adapté », illustre Catherine Beauvais-St-Pierre.

Selon le ministère de l’Éducation, il y a actuellement 39 % des bâtiments du réseau scolaire qui sont dans un état « satisfaisant ».

Dans son plus récent plan d’action, le Ministère indique vouloir faire passer cette proportion à 40 % d’ici 2025.