(Québec) Ce n’est qu’en 2025 que l’on connaîtra véritablement l’impact qu’ont eu les grèves sur la réussite des élèves, a déclaré mercredi le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.

Il répondait aux questions de la députée libérale Madwa-Nika Cadet concernant l’efficacité du plan de rattrapage scolaire à l’occasion de l’étude des crédits budgétaires du ministère de l’Éducation.

Selon les données les plus récentes, 483 751 interventions ont été effectuées auprès d’élèves depuis la fin janvier dans toutes les écoles du Québec. Par exemple, 175 001 élèves ont pu bénéficier de services de tutorat.

Or, il ne faut pas « crier victoire trop vite », a reconnu le ministre Drainville en commission parlementaire. L’efficacité des mesures d’aide ne pourra être réellement mesurée qu’au début de l’année 2025, selon lui.

Pour faire l’état des lieux, il faudra d’abord prendre acte des résultats aux bulletins, puis voir le nombre d’inscriptions aux cours d’été et enfin, considérer les notes obtenues aux examens ministériels de janvier.

« C’est encore trop tôt pour mesurer les effets, les séquelles des grèves, mais on sait qu’il y en a eu, a déclaré M. Drainville. C’est possible qu’on puisse seulement mesurer le plein impact des grèves au début 2025. »

« Lorsque nous arriverons à cette évaluation-là, ce que l’on souhaite, c’est de pouvoir constater que les grèves ont eu un impact le moins pénalisant possible et on pourra à ce moment-là affirmer que le plan de rattrapage a atteint ses résultats », a-t-il ajouté.

Les élèves touchés par la grève de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) l’automne dernier ont manqué environ un mois d’école. La grève du Front commun, elle, aura duré huit jours.

Au secondaire public, 32 % des élèves ont un plan d’intervention parce qu’ils ont des besoins particuliers. Le taux de décrochage au public est de 18,2 %, comparativement à 8,2 % au privé.

Par ailleurs, Mme Cadet s’est inquiétée pour la profession enseignante : elle a signalé que durant les grèves, soit entre le 21 novembre 2023 et le 11 janvier 2024, au moins 263 enseignants, 56 professionnels et 599membres du personnel de soutien ont démissionné.

« Faisons attention », a réagi Bernard Drainville, qui souligne que 263 enseignants démissionnaires correspondent à seulement 0,0015 % des 165 000 enseignants de la province.

Le ministre a toutefois reconnu faire face à d’« immenses » enjeux de main-d’œuvre. Devant l’ampleur du défi, il prévient qu’un nombre accru d’enseignants non légalement qualifiés pourraient se retrouver devant une classe l’année prochaine.

Le nombre de profs non légalement qualifiés a augmenté de 76 % en trois ans. Or, M. Drainville a affirmé qu’il ne pouvait pas « exclure » qu’il y en ait encore davantage l’année prochaine.

L’étude des crédits du ministère de l’Éducation, mercredi, a également permis d’apprendre que 14 % des 593 plaintes faites au Protecteur national de l’élève depuis huit mois concernent les violences à caractère sexuel.

En outre, un lac-à-l’épaule organisé en août dernier entre les hauts placés du ministère et les directeurs généraux des centres de services scolaires ayant comme thème la « cohésion » et le « rapprochement » a coûté 8000 $ aux contribuables.