À en croire des bulletins scolaires, la grève des enseignants n’a pas eu lieu et les élèves auront 180 jours de classe bien comptés. Où sont les journées ratées ?

Ce qu’il faut savoir

  • L’année scolaire a été marquée par une grève qui a été particulièrement longue pour les élèves de Montréal.
  • Les bulletins des centres de services scolaires de Montréal et Marguerite-Bourgeoys indiquent à tort qu’il y aura 180 jours de classe, comme à l’habitude.
  • Le nombre minimum de jours de classe, cette année, a été revu à 156 et le bulletin devra refléter la réalité, dit le ministère de l’Éducation.

En consultant les bulletins de différentes écoles des centres de services scolaires de Montréal et Marguerite-Bourgeoys, tous deux situés dans l’île de Montréal, surprise : en additionnant les « jours de classe » des trois étapes inscrites au bulletin, on arrive à une année tout à fait normale de 180 jours.

Les quelques jours d’absence des enfants – gastro, COVID ou autres – sont, eux, comptabilisés, mais pas les jours de grève.

Les enseignants de ces élèves sont pourtant représentés par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), le syndicat qui a été celui qui a fait grève le plus longtemps. Les jeunes ont donc raté 22 jours de classe en novembre et en décembre.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Manifestation de la FAE durant la grève des enseignants, le 4 décembre dernier à Montréal

Alain Perron, porte-parole du CSSDM, indique que le nombre de jours de classe mentionné au bulletin fait référence à « des jours de calendrier entre le début et la fin de l’étape et non des jours de fréquentation ».

Sur les bulletins, en toutes lettres, il est pourtant bel et bien écrit « jours de classe ».

Le ministère demande des correctifs

Au centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, le service des communications nous répond que « seul le nombre de jours d’absence d’un élève est inscrit. Le nombre de jours de classe n’est pas mentionné ».

Sur les bulletins d’écoles de Marguerite-Bourgeoys consultés par La Presse, le nombre de jours de classe est pourtant bel et bien inscrit.

Antoine de la Durantaye, attaché de presse au cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, indique à La Presse que « le nombre de jours de classe réels par étape doit être affiché ». « Nous allons nous assurer que ce soit respecté. »

Au centre de services scolaire La Capitale, à Québec – qui a été touché par une grève aussi longue que les centres de Montréal – et au centre de services de la Pointe-de-l’Île, à Montréal, c’est le cas : le nombre de jours de classe reflète la réalité.

Pendant la pandémie, le ministère de l’Éducation a aussi exigé que le nombre de jours où il y a réellement eu école (à distance ou en présentiel) soit inscrit au bulletin.

Le chiffre magique : 156 jours de classe

Le 14 février, une modification au régime pédagogique a été officialisée dans la Gazette officielle du Québec. Elle indique que « le calendrier scolaire de l’élève comprend l’équivalent d’un maximum de 200 journées, dont au moins 156 doivent être consacrés aux services éducatifs ».

Ce chiffre de 156 est donc le chiffre magique minimum cette année, au lieu des 180 jours de classe habituels.

Dans la Gazette officielle, le ministre de l’Éducation reconnaît au passage que « plusieurs élèves n’ont pu recevoir les services éducatifs en raison des jours de grève ayant eu cours en novembre et en décembre 2023 » et que « des journées de services éducatifs perdues ont eu un impact important sur la réussite des élèves, particulièrement celle des plus vulnérables ».

Les élèves du Québec ont été touchés de façon inégale par la grève. Ceux de Montréal, de Laval, de l’Outaouais et de Québec dont les enseignants étaient représentés par la FAE ont, en novembre et en décembre, subi 22 jours de grève. Les élèves dont les enseignants étaient affiliés à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ont pour leur part perdu huit jours et demi de classe.

Des « sommes importantes » pour le plan de rattrapage

Par ailleurs, La Presse a lu cette semaine la lettre d’une direction d’école avisant les parents que les budgets étaient écoulés et qu’il n’y aurait plus de rattrapage scolaire (les 300 millions annoncés par Bernard Drainville en janvier).

Vérification faite auprès du centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, les fonds sont là et les services continueront d’être donnés.

Au cabinet du ministre Drainville, Antoine de la Durantaye assure lui aussi que « toutes les sommes sont disponibles pour l’ensemble des écoles du Québec afin de réaliser les activités de rattrapage, comme [Québec] s’y est [engagé] ».

D’ailleurs, ajoute-t-il, des « sommes importantes sont destinées à ce plan, avec notamment de nouveaux financements prévus dans le dernier budget ».

Avis, donc, aux parents qui recevraient par ailleurs une telle information : le rattrapage se poursuit bel et bien et il n’y a aucune raison pour qu’il soit interrompu pour des raisons de financement.