Hormis la police d'assurance qui pardonne, l'utilisation du «pardon» est assez marginale en économie.

Toutefois, les arrangements que les créanciers offrent à la Grèce ouvrent la porte à l'utilisation du «pardon». En permettant des défauts sélectifs à la Grèce, les créanciers disent: «On vous pardonne vos excès.»

Par contre, en réduisant la note de la Grèce, les agences de notation répliquent: «Les créanciers vous pardonnent peut-être, mais vous devrez éventuellement payer cher pour vos excès.» C'est donc un «demi-pardon» qui est offert à la Grèce.

Pourtant, tout le monde doit de l'argent à tout le monde dans l'économie mondiale. La Grèce doit de l'argent aux banques, ces mêmes banques doivent de l'argent à leurs dépositaires, ces dépositaires doivent de l'argent à d'autres banques à travers leurs hypothèques, ces banques doivent de l'argent au gouvernement américain, le gouvernement américain doit de l'argent à tout le monde, etc. On finit par tourner en rond. Si on se pardonnait à tous une partie de nos dettes, ne serait-on pas moins endettés?

Les agences de notation diront peut-être que nous aurons tous fait défaut de paiement. Mais nous ne sommes pas obligés de les écouter! Elles ne donnent que des opinions sur les créances. Et leurs opinions ne s'avèrent pas toujours justes. Vous souvenez-vous quand ils ont donné les meilleures notes possible aux PCAA (papiers commerciaux adossés à des actifs) qui ont fini par faire des défauts massifs?

Si un tel système de pardon pouvait exister, je serais certainement moins cynique sur l'économie et moins pessimiste sur les problèmes économiques actuels. Et si ma banque pouvait me pardonner l'argent que je lui dois pour ma maison, je serais encore plus heureux...