Le texte «Oui, je veux un sac» de Claire Gagnon, publié hier, a suscité de nombreux commentaires de nos lecteurs, autant favorables que défavorables. En voici un échantillon.

POUR

Poussé et engueulé

Mon grand-père de 79 ans ne fait pas partie de la génération «Sauvons la planète». Il n'a pas de voiture et fait toutes ses emplettes à pied. Dans sa petite cour de béton située sur le Plateau Mont-Royal, il a investi beaucoup d'argent pour planter des arbres, des lierres et des fleurs. Lorsqu'il part faire de petits achats, il n'apporte aucun sac réutilisable avec lui... ça ne lui vient pas en tête et c'est normal vu son âge. La semaine dernière, une caissière lui a demandé: «Voulez-vous un sac?» Quand il a répondu «oui», un client qui faisait la file derrière lui l'a poussé et s'est mis à l'engueuler parce qu'il «brisait la planète et ne faisait pas attention à cette Terre»! Je suis tout à fait d'accord avec le fait de faire attention à notre planète et de récupérer, mais est-ce que nous sommes en train de devenir complètement débiles? Mon grand-père, sans le savoir, respecte et protège la planète avec plusieurs petits gestes quotidiens. Est-ce qu'il méritait de se faire pousser pour avoir répondu «oui» à la question: «Voulez-vous un sac?»

Ysabel Milot, Montréal

 

Le suremballage

Dieu merci, je ne suis pas la seule que ça agace. Et ça m'agace d'autant plus que les épiceries font encore du suremballage. Moi aussi, j'utilise les transports collectifs par choix, je recycle tout ce qui est recyclable, j'économise l'eau. Mais quand je veux faire des achats impulsifs ou que je n'ai pas assez de sacs réutilisables, ça me frustre qu'on me demande si je veux un sac, ou pire qu'on me facture 5 cents. J'ai déjà fait remarquer à un emballeur qu'il ne fallait pas faire côtoyer des légumes et du javellisant, pour ne pas avoir à me donner un sac. Nous sommes en train de devenir collectivement fous.

Christiane Lavallée, Varennes

 

Tout dans du plastique

Qu'on ne vienne donc pas me faire suer avec le retrait des sacs de plastique alors que les magasins et épiceries emballent tout dans du plastique. Ils veulent se montrer plus catholiques que le pape. Cessons donc de se conter des histoires.

Andrée Dumberry

 

Traumatisée

Moi aussi, je suis traumatisée quand je passe à l'épicerie. Rendue sur place, on m'attire avec des spéciaux et, malheureusement, mon petit sac ne me suffit plus. On me demande à ce moment-là 5 cents le sac, plus taxes. J'en suis enragée, j'ai presque envie de tout remettre sur le comptoir. Après tout, j'ai participé au profit de l'entreprise. On devrait avoir le choix. C'est devenu une folie, ces sacrés sacs. Il y a d'autres moyens de protéger l'environnement.

Francine Chagnon

 

CONTRE

Une solution simple

La solution est pourtant simple: transporter un sac dans son sac à main! Il s'en fait de tout petits, en nylon, qui prennent moins de place qu'un paquet de mouchoirs pour sac à main! Il y a déjà des années qu'ils sont sur le marché. Je vous recommande, Mme Gagnon, d'en acheter un lors de vos prochaines courses et surtout, cette fois, ne demandez pas de sac!

Isabelle Danis, Montréal

 

Pour éviter d'étouffer

Non mais, franchement! Je suis caissière à temps partiel dans une pharmacie. Eh oui, je vais continuer de passer des commentaires acerbes (dans ma tête) aux clients qui achètent pour 200$ de produits et qui n'ont pas de sacs réutilisables, et pire, à ceux qui me demandent de doubler leurs sacs. J'en vois souvent des sacs réutilisables qui, une fois pliés, prennent autant de place dans une sacoche qu'un téléphone cellulaire. Si Mme Gagnon se sent mal lorsqu'elle passe à la caisse parce qu'elle n'a pas de sacs écologiques, c'est qu'elle est consciente que son geste ne contribue pas à un avenir plus prometteur pour les générations à venir. Si elle étouffe dans cette marée de «Sauvons la planète», je lui conseille de se procurer un masque à oxygène, parce qu'elle n'a pas fini d'étouffer!

Sarah-Maude Zicat, Repentigny

Une vision globale

C'est sûr que si vous prenez un sac, voire cinq par semaine, l'empreinte environnementale de ce geste n'est pas énorme, mais il faut voir plus globalement. Lorsqu'un supermarché décide de faire payer les sacs et ainsi encourager fortement la clientèle à utiliser des sacs réutilisables, il y a là un impact. Imaginez le nombre de sacs qui n'iront pas au centre d'enfouissement et qui ne se retrouveront pas dans les rues grâce à ces décisions extraordinaires. Difficile de trouver des solutions environnementales non coûteuses... Ce n'est pas comme si c'était très original comme idée d'ailleurs, car ça fait plusieurs années que cela existe en Europe et en Californie. L'important, c'est que les gens commencent à changer leurs habitudes.

Véronique Dallaire, Montréal

Courant égocentrique

Chaque année, les sacs en plastique tuent des milliers d'oiseaux, de cétacés et de tortues marines qui les prennent pour des méduses quand ces sacs se retrouvent dans les océans. La lettre de Mme Gagnon témoigne une fois de plus du courant égocentrique qui touche notre population nord-américaine. On ne pense qu'au bénéfice de notre petite personne avant celui de la population mondiale (qui ne comprend pas que les humains). Vous demandez aux gouvernements de se réveiller, mais pourquoi toujours attendre des gouvernements? Nous sommes un peuple bien paresseux et c'est à nous de nous prendre en main. Les sacs réutilisables étaient déjà d'utilisation courante en Europe avant même leur arrivée ici. Si vous avez besoin d'un sac (le moins souvent possible j'espère), dites simplement «oui». Ce n'est pas la faute du commis si nous en avons longtemps abusé, et encore moins la faute de la planète.

Jérôme Guay, Montréal