Depuis février, la chute de l'économie mondiale a ralenti, un développement que les marchés financiers n'ont pas manqué d'applaudir. La récession n'est pas encore terminée, mais le pire est passé. Malheureusement, les pertes d'emploi continuent; on peut toutefois se consoler du fait que la fuite semble en partie colmatée.

Certaines industries souffrent davantage, comme l'automobile, le secteur forestier et les médias. Cependant, il faut voir là également des changements structurels qui ne sont pas seulement liés à la récession. Parmi les aspects positifs, il faut souligner que le Canada et le Québec s'en tirent mieux. De plus, tout indique que l'économie mondiale pourrait retrouver le chemin de la croissance tard en 2009. Certes, la récession 2008-2009 aura été très dure, mais les scénarios apocalyptiques de «dépression» se seront révélés exagérés.

 

Au cours des années 30, le PIB avait chuté de 26% aux États-Unis, la Bourse s'était effondrée de 85% et le taux de chômage avait explosé à près de 30%. Depuis le début de cette récession, les PIB américain et canadien affichent une baisse similaire de 2,3% et les taux de chômage respectifs atteignent 9,4% et 8,4%. Au pire de la frayeur boursière, les indices boursiers avaient subi une correction de près de 60%. L'injection massive de liquidités semble avoir permis d'éviter une répétition des erreurs monétaires des années 30.

Jusqu'à maintenant, la gravité de la récession américaine rivalise davantage avec celles de 1974 et de 1982. Si le retour de la croissance est envisageable d'ici la fin de l'année, la reprise risque d'être décevante puisque le Trésor américain retirera les liquidités (hausse des taux d'intérêt et des impôts) lorsque les signes vitaux seront suffisamment encourageants. Maintenant que la déflation a été évitée, l'enjeu de 2010 sera l'inflation.

Parmi les pays industrialisés, le Canada fait meilleure figure depuis le début de la récession. D'une part, le marché immobilier canadien ne s'est pas effondré et les pertes d'emploi (-2,3%) sont plus modestes qu'ailleurs (-4,3% aux États-Unis).

Le Canada profite également d'une situation enviable qui lui sera profitable au sortir de la récession grâce aux bénéfices tirés de l'exportation des ressources naturelles tels le pétrole, la potasse, l'uranium, l'électricité et autres.

L'économie canadienne jouit de trois avantages importants, soit la proximité du consommateur américain, une économie domestique plus résistante et un lien direct avec la progression des pays émergents par le biais de la demande de ressources.

L'embellie boursière printanière - les indices boursiers ont rebondi de plus de 40% depuis le 9 mars - tire sa source du sentiment que le pire est passé. La panique qui avait envahi les investisseurs l'automne dernier laisse désormais place à l'espoir qui accompagne les reprises. Le risque de déception (et de repli) demeure, mais cette phase de normalisation devrait pousser les indices boursiers, les taux d'intérêt, le prix de ressources, et le huard à la hausse au cours des prochains mois.

Depuis le début de 2009, l'indice boursier canadien du TSX affiche un gain de 17% contre des rendements inférieurs à 6% aux États-Unis, en Europe et au Japon. Cette situation n'est pas passagère et les actions canadiennes devraient continuer de mieux performer au cours des prochaines années.

D'ailleurs, les investisseurs internationaux s'intéressent de plus en plus à ce potentiel, notamment dans un contexte de dépréciation du billet vert. Paradoxalement, cette suprématie canadienne s'installe au moment où nos caisses de retraite n'ont plus de contraintes de contenu étranger et sont tentées par des investissements hors du Canada.

Plusieurs défis persistent, mais il est important de réaliser que le gazon est plus vert de notre côté de la frontière. Qui plus est, il risque de le demeurer longtemps.

L'auteur est stratège financier chez Scotia Capitaux.