La controverse qui entoure la dernière édition du Bye Bye démontre à quel point la production d'une émission humoristique axée sur la satire et présentant plusieurs degrés d'interprétation comporte des risques. Cela est d'autant plus vrai quand il s'agit de l'émission la plus attendue, la plus écoutée et la plus critiquée de l'année.

Radio-Canada est sensible à l'ensemble des commentaires formulés dans les communications que nous avons reçues, dans la presse et sur internet. Nous entendons clairement le message qui nous est envoyé. Nous en tirons des leçons et nous en tiendrons compte dans nos réflexions et décisions futures relatives à des projets du même ordre.

 

Ceci ne doit pas être interprété comme un désaveu de l'équipe de l'émission qui a mis tout son coeur dans ce projet, ni comme le fait que Radio-Canada entend désormais renoncer aux concepts audacieux. Il serait par ailleurs dommage que cette controverse occulte la remarquable programmation originale que nous avons offerte au public tout au long de la soirée du 31 décembre.

Ce que je retiens de tout cet épisode, c'est qu'il montre à quel point nous sommes confrontés à un exercice d'équilibre particulièrement délicat. D'un côté, il y a l'inspiration des créateurs, de l'autre des limites non écrites qui varient d'une personne ou d'un groupe social à l'autre. Je suis conscient que c'est à nous qu'il revient de trancher en tant que diffuseur. C'est un exercice qui se fait au cas par cas et nous ne prétendons pas être infaillibles dans les choix que nous prenons. D'aucuns nous accuseront de «laxisme» et d'autres de «censure» parfois sur un même dossier. Cela est incontournable dans une société pluraliste et démocratique.

Avons-nous été trop tolérants dans le cas du dernier Bye Bye? La réponse que nous recevons du public est oui et nous en prenons acte. Une chose est sûre, cet exemple illustre à quel point Radio-Canada doit être au diapason de la population et ne ménager aucun effort pour remplir cette responsabilité de façon juste et transparente, dans le respect de la liberté d'expression et des sensibilités du public.

C'est ainsi que Radio-Canada pourra démontrer que l'une des plus grandes qualités dont le diffuseur public doit faire preuve est de savoir entendre.

L'auteur est vice-président principal de Radio-Canada.