Quelqu'un va-t-il finir par parler d'accroissement de la richesse?

Ça ne fait pas une semaine que la campagne est commencée et j'ai déjà ce sentiment de déjà-vu. Les chefs multiplient les promesses à coup de milliards et les insultes fusent de toutes parts.

À entendre Jean Charest, la crise financière va passer à côté du Québec. Elle va embraser les États-Unis et affaiblir le reste du Canada, mais ici, hé hé, pas de problème, nous avons semble-t-il une sacoche en réserve.

Or c'est faux. Comme l'a démontré le vérificateur général, la sacoche de Monique Jérôme-Forget est remplie d'astuces comptables plutôt que de surplus budgétaires.

Nos politiciens sont atteints de cette peur chronique de dire des vérités qui pourraient leur nuire. Genre qu'il faudra faire des sacrifices, réduire les dépenses et augmenter notre productivité. Ou qu'une usine fermera à Donnacona.

Ça fait penser aux pubs de régime qui vous promettent de maigrir en ne faisant pas d'exercice et en mangeant tout ce que vous voulez. Tout le monde sait que c'est faux, mais ça vend quand même.

Comme entrepreneur, j'ai compris qu'il n'y a que deux façons de contrer un tumulte économique: 1) réduire les dépenses et 2) augmenter les revenus de production. Dans le premier cas, il s'agit d'éliminer les dépenses qui ne sont pas essentielles. Dans le second, il s'agit d'accroître la richesse.

Dépenses de l'État

Ni Jean Charest ni Pauline Marois ne parlent de réduire les dépenses de l'État. Pas plus qu'ils ne disent aux Québécois qu'ils devront accroître leur productivité et, partant, leur richesse collective s'ils veulent contrer la crise. Seul Mario Dumont aborde ces thèmes au prix des railleries de ses adversaires. Le même type de railleries qu'a subies Lucien Bouchard avec son groupe des lucides.

Il est pourtant évident que la crise actuelle aura pour effet d'attiser l'urgence d'agir sur les carences qui minent l'avenir du Québec, telles que le surendettement, le décrochage scolaire ou le vieillissement de la population.

Dans ce contexte, s'il est politiquement rentable de laisser planer des mirages, les lendemains de veille, eux, s'annoncent plutôt douloureux.

En 1981, le Parti québécois a gagné ses élections en se targuant de pouvoir gérer la crise économique sans porter atteinte aux acquis des Québécois. Un an plus tard, acculé au gouffre, le gouvernement du PQ décréta une réduction de 20% des salaires des employés de la fonction publique. Ce fut une catastrophe humaine pour des milliers de familles québécoises.

René Lévesque aurait-il été réélu s'il avait promis de réduire le salaire des fonctionnaires de 20%? Bien sûr que non. C'est ça le problème.

L'auteur est un avocat, sympathisant de l'ADQ.