Barack Obama a été élu sous la bannière du changement et le peuple cubain, ainsi que la communauté internationale n'attendaient que cela : le début d'un changement à l'égard de Cuba.

M. Obama avait été le seul à se manifester sur l'état des relations cubano-américaines en pleine élection présidentielle en février 2008. C'était à l'occasion du retrait de Fidel Castro de la vie politique, alors qu'il passait le flambeau à son frère cadet et chef de l'armée, Raoul Castro.

Alors que Mme Clinton et M. McCain avaient gardé le ton ferme envers Cuba, M. Obama, lui, n'a pas hésité à manifester son ouverture de dialoguer éventuellement avec le gouvernement de La Havane. Cette île qui, malgré ses défaillances, continue d'exercer une certaine influence et un certain leadership au sein de l'Amérique latine. Certains ont regretté cet élan d'optimisme à l'égard de Cuba et avaient prédit la défaite du candidat afro-américain. L'histoire en a voulu autrement.

Nous sommes en présence donc d'un président qui comprend très bien les relations internationales et qui demeure branché sur le monde. La levée partielle des restrictions économiques à l'égard de Cuba s'inscrit dans une démarche présidentielle voulant prendre ses distances des politiques interventionnistes auxquelles nous ont habituées les administrations précédentes pour être en mesure de mieux respecter ses engagements en politique étrangère.

Les voyages des Cubano-Américains vers l'île, afin de rendre visite à leurs familles, le transfert d'argent illimité, le feu vert donné aux entreprises américaines de téléphonie et télécommunications pour développer des affaires à Cuba, ont été bien reçues par les autorités cubaines, quoique jugées insuffisantes.

La balle est désormais dans le camp cubain. La communauté internationale applaudit l'efficacité et la pérennité du projet social cubain, mais souhaite qu'il ait plus de liberté d'expression et d'association à Cuba. D'autant plus que le peuple cubain : mature, instruit et bien informé est prêt pour ce genre d'ouverture.

En rompant avec la dynamique de confrontation nourrie par les administrations précédentes contre l'île, les États-Unis de Barack Obama prouvent qu'ils sont capables de travailler avec les États partenaires et membres des organisations internationales, et qu'ils sont en train de renouer avec leur responsabilité de respecter et faire appliquer les normes et instruments juridiques internationaux. Cela fait 17 ans que des majorités écrasantes des États représentés à l'ONU votent des résolutions chaque année, demandant la fin du blocus américain, basé sur des lois extraterritoriales dont l'objectif est banni par la Charte de 1945.

Cependant, les mesures annoncées ne signifient pas la fin du blocus économique, commercial et financier contre l'île. Les effets de cet embargo, vieux de 50 ans, se font sentir lourdement sur l'économie cubaine.

D'après les données déposées par ce pays devant l'OMC en 2006, le coût global de l'embargo imposé contre cette île des Caraïbes était d'environ 86 milliards de dollars. En 2005, le montant des dommages économiques directement liés à la politique américaine dépassait les 4,1 milliards et les dommages subis par le commerce extérieur cubain s'élevaient à 945 millions. En raison de l'embargo imposé contre Cuba, cette île est classée parmi les pays à haut risque. Les contrecoups de cette réalité se traduisent par un coût financier cumulé depuis les années soixante, dépassant les 320 millions. La marge de manoeuvre de Cuba est bien mince, si l'on rajoute que le montant de ses avoirs gelés dans les banques américaines depuis 1959 s'élève à 268 millions.

Depuis son investiture en janvier 2009, Barack Obama a fait de ses promesses électorales une priorité. Il vient d'honorer sa promesse relativement aux relations cubano-américaines, en montrant des signes d'ouverture évidents envers Cuba, tout comme il a respecté sa promesse de fermer la prison de Guantanamo où des présumés terroristes étaient emprisonnés depuis 2002.

L'histoire nous dira enfin si c'est Obama qui sera investi du mérite de fermer la base militaire de Guantanamo, dont l'occupation américaine est dénoncée depuis plus d'un siècle par le gouvernement cubain.

D'origine cubaine, l'auteure est maître en droit international.