Lettre collective envoyée au maire Gérald Tremblay, ainsi qu'aux ministères responsables pour le transport, les infrastructures, la métropole, l'environnement et la santé.

Les grands projets d'infrastructure sont par définition structurants, surtout ceux de réaménagement ou de remplacement en milieu urbain qui présentent des occasions uniques de planification stratégique pour le redéveloppement des secteurs concernés. Ils sont actuellement très prisés par les gouvernements sinon pas les prêteurs, pressés de rassurer la population devant l'effondrement de l'économie et des viaducs.

Ils devraient cependant être aussi l'occasion de créer de la richesse par une meilleure intégration à la trame et au tissu urbain, par l'amélioration du cadre et de la qualité de vie et par une hausse des valeurs foncières et fiscales. L'optimisation des effets positifs possibles entraîne aussi des économies d'échelle et une réduction des coûts et des impacts négatifs..

Nous en sommes encore loin si l'on en juge par un dossier comme celui de la réfection de l'échangeur Turcot. La Ville de Montréal a déjà fait connaître son insatisfaction au sujet du projet mené par le MTQ, tant pour l'ignorance de son Plan de Transport et de la priorité donnée au transport collectif à l'échelle régionale, que pour les impacts locaux d'un rabaissement sur talus et l'absence totale d'intégration urbaine : «les mêmes paramètres, la même plomberie qu'il y a 40 ans»! Ce sont là les trois principaux enjeux sur lesquels il faut revenir.

Transport

Au plan du transport d'abord, contrairement au Plan de la Ville et à ses propres objectifs, le MTQ non seulement maintient, mais augmente la capacité de débit de l'échangeur par l'adoucissement des courbes et l'ajout d'accotements de chaque côté des chaussées - un concept imposé par les normes rurales de la Transcanadienne!

Aucune considération pour le transport en commun sinon la possibilité d'ajouter une voie réservée aux autobus. Aucune distinction entre les circulations transitaire et pendulaire, cette dernière pourtant mieux assurée par transport collectif, en commençant par l'augmentation de la desserte actuelle par train ou par métro. Aucune mention, enfin, des projets de navette aéroportuaire ou du tramway de Lachine en particulier, qui permettraient de réduire cette circulation, et partant, les dimensions de l'intervention.

Structure

Au plan de la structure ensuite, le rabaissement de la chaussée sur remblais permet peut-être de réduire les coûts de construction et les craintes ravivées d'effondrement, mais cette solution, normale en milieu rural, entraîne des impacts locaux majeurs en milieu urbain : tassement et inégalité de la chaussée, mais surtout triplement de l'emprise au sol, avec démolitions et perte importante de valeur immobilière; dangerosité accrue par rapprochement des émissions de polluants atmosphériques, du bruit et de l'accès piéton aux voies sur talus - présentés comme des attraits, des occasions de verdissement; création d'enclaves et de cul de sacs non sécuritaires et asociaux; banalisation généralisée du paysage urbain.

Intégration urbaine

Au plan de l'intégration urbaine, rien n'est proposé non seulement pour réduire ces impacts négatifs latéraux, mais surtout pour tenter d'optimiser les effets positifs possibles de tels grands travaux. On a ici une occasion unique de revoir et corriger les erreurs et effets négatifs du passé et d'améliorer l'environnement urbain de secteurs entiers, ici de tout l'arrondissement Sud-Ouest.

La conversion du canal de Lachine, qui a fondé ces quartiers, devrait servir d'exemple pour le Grand Tronc. En effet, ce dernier depuis la désindustrialisation ne fait que les traverser et les plomber. Pourtant de simples déviations en emprises existantes permettraient de les recoudre et de les relancer, comme celle déjà proposée à Pointe-Saint-Charles par simple déviation via l'axe Butler, et maintenant celle de Saint-Henri, seule possible en déviant les voies par l'ancien triage du secteur industriel Cabot. Pourrait-on même rêver, à long terme, à une déviation du trafic marchandise interrégional, qui n'a plus de desserte locale, via le pont du CP par exemple?

Gouvernance

Tous ces projets ont déjà fait l'objet de propositions, certaines très élaborées, par divers organismes professionnels ou communautaires. Ils restent tous à être étudiés et validés, mais advenant le cas, aucun ne sera réalisable - ni aucun des problèmes appréhendés réglable - si l'on ne modifie pas le concept et l'approche du MTQ. Et aucune modification n'est possible à cet égard sans changement dans la gouvernance de ce genre de grands projets d'infrastructures en milieu urbain. Ici, si le maître d'ouvrage est bien le MTQ, la maîtrise d'oeuvre devrait normalement revenir à la Ville de Montréal, première responsable de l'urbanisme, de l'aménagement du territoire et du processus de planification conséquent.

Nous suggérons donc à la Ville de Montréal de prendre l'initiative auprès des gouvernements supérieurs pour mettre en place un tel processus démocratique de planification urbaine des grands projets. Nous suggérons également au ministère des Affaires Municipales de s'impliquer dans cette bonification, comme au Ministère de l'Environnement d'élargir à l'ensemble de ces enjeux les questions que le BAPE doit éventuellement adresser au promoteur, le ministère des Transports du Québec.

Nathacha Alexandroff YMCA de Pointe-Saint-Charles Comité d'aménagement de la Table communautaire Action-Gardien de Pointe-Saint-Charles

Patrick Asch directeur Héritage Laurentien

Gérard Beaudet, directeur Institut d'urbanisme, Faculté de l'aménagement Université de Montréal

Carl Bégin, ingénieur et membre de la Coalition pour humaniser la rue Notre-Dame

Richard Bergeron

Daniel Bouchard, responsable Transports et développement durable, CREM

Véronique Brault, urbaniste

Pierre Brisset, fondateur et directeur du GRUHM, groupe conseil TTT

Daniel Breton, environmentaliste,groupe conseil TTT

Johanne Brochu, professeure, ÉSAD (École supérieure d'aménagement du territoire et de développement régional), Université Laval

David F. Brown, Director School of Urban Planning McGill University

Jean-Marc Chouinard, sociologue, aménagiste

Philippe Côté, directeur adjoint GRUHM, groupe conseil TTT

François Dallegret, artiste, créateur, inventeur ARTÉRIA

Jean Décarie, urbaniste, groupe conseil TTT

André Denis, photographe

Yves Deschamps, professeur École d'architecture, Université de Montréal

Jean-Philippe Dupéré, urbanist stagiaire L'Atelier Urbain inc.

Luc Durand, architecte

Luc Ferrandez, consultant en gestion de projets, Hydro-Québec

Raphaël Fischler, professeur agrégé, École d'urbanisme Université McGill

Pierre Gauthier, professeur agrégé, Département de géographie, urbanisme et environnement,Université Concordia,groupe conseil TTT

Michel Gariépy, professeur, Institut d'urbanisme, Université de Montréal

Cécile Grenier, Sauvons Montréal

Pierre Hamel, professeur, Université de Montréal

Odile Hénault, critique d'architecture, ex-présidente, Ordre des architectes du Québec.

Jochen Jaeger, professeur adjoint, Department of Geography, Planning and Environment, Université Concordia

Louise Letocha, professeure à l'UQAM, ex-présidente du Conseil du patrimoine de Montréal

Marie-Ève Lafortune Étudiante à la maîtrise en études urbaines, INRS - Urbanisation, Culture et Société

Gaétan Legault Coalition pour humaniser la rue Notre Dame, groupe conseil TTT

Philippe Lupien, architecte Lupien+Matteau inc.

Brian Merrett, photographe

Alain Nantel, Avocat à la retraite et urbaniste à ses heures

Jody Negley, Comité des Ctoyens du Village des Tanneries,soutien au groupe conseil TTT

Luc Noppen, directeur Institut du patrimoine et titulaire Chaire de recherche en patrimoine, UQAM

Pierre-Yves Pépin, géographe

Robert Perreault, directeur projet Défi-Climat, CREM

André Porlier, Directeur général, Conseil régional de l'environnement de Montréal



Dimitri Roussopoulos, directeur du Centre d'écologie urbaine.


Danièle Routaboule, Architecte paysagiste Professeure Honoraire Fac. de L'Aménagement U. de Montréal.

Craig Townsend, Ph.D. Professeur adjoint, Département de géographie, urbanisme et environnement, Université Concordia

Pierre M. Valiquette, architecte-paysagiste Conseiller en planification environnementale