Un leadership visionnaire, une détermination et un engagement mondial ont insufflé un nouvel élan à la lutte menée dans le monde contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, et des avancées considérables ont été réalisées.

Des millions de personnes autrefois condamnées à mourir prématurément peuvent maintenant mener une existence constructive et productive, délivrée des souffrances et de l'agonie dont elles étaient alors victimes au quotidien.

La lutte n'est pas pour autant terminée. Non seulement le VIH/sida a coûté la vie à plus d'un million de personnes l'an dernier, mais sur les 36 millions de personnes infectées par le virus, moins de la moitié a bénéficié d'un traitement antirétroviral, le meilleur et le seul espoir de survie pour les malades.

En ce qui concerne la tuberculose, près de 10 millions de personnes contractent cette maladie chaque année, et 1,5 million en meurent. Quant au paludisme, avec plus de 200 millions de cas recensés par an, il représente encore une maladie meurtrière aux effets dévastateurs, surtout chez les enfants de moins de 5 ans - dont 300 000 en sont morts l'année dernière -, ce qui constitue près de 70 % des décès liés au paludisme.

Ces chiffres sinistres viennent rappeler âprement qu'il reste encore beaucoup à faire. Les progrès déjà réalisés par rapport au VIH, à la tuberculose et au paludisme ont démontré qu'il est possible de surmonter ces crises sanitaires.

Les objectifs de développement durable des Nations unies visent d'ailleurs à éradiquer ces trois maladies d'ici 2030. Mais atteindre ce but nécessitera une volonté politique de la part des dirigeants de la scène internationale qui décideront, en fin de compte, si nous sommes résolus à gagner ce combat. Dans un monde où les intérêts économiques sont souvent en contradiction avec les besoins en matière de santé, il faudra bien plus que des engagements financiers pour devancer ces maladies. Il faudra également faire preuve de courage politique pour faire tomber les obstacles qui se dressent encore : barrières commerciales, restrictions imposées à la recherche et absence d'accès aux soins dans les régions défavorisées.

La lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme a désespérément besoin d'un plus grand financement. Néanmoins, l'impact de ces fonds sera limité si les barrières commerciales au niveau international entravant actuellement l'accès à des médicaments essentiels empêchent toujours des populations et des pays à faible revenu d'obtenir les traitements dont ils ont besoin. Il faut aussi améliorer l'accès aux médicaments génériques à bas prix. Les traitements de deuxième intention pour les porteurs du VIH/sida, par exemple, sont déjà suffisamment inabordables pour un grand nombre de patients dans les pays pauvres.

Pour améliorer l'accès aux médicaments d'ordre vital, il sera aussi nécessaire d'adopter une nouvelle approche à l'égard de la recherche et du développement dans le secteur médical.

Si l'on veut faire des progrès rapides pour combattre des maladies mortelles dans les pays à faible revenu, il est primordial d'avoir, d'une part, des mécanismes de découverte libre pouvant mener à de nouveaux traitements dans un intérêt de santé publique et, d'autre part, une coopération accrue dans le domaine des polythérapies.

Aucun financement, aucun médicament abordable et aucune percée médicale n'aideront à endiguer ces fléaux si nous ne sommes pas en mesure d'assurer des soins de santé en zones de conflit ou dans les États défaillants. Alors que les factions belligérantes négligent de protéger hôpitaux et patients contre les attaques militaires, des millions de gens se voient privés des soins les plus élémentaires, et les organisations médicales éprouvent d'importantes difficultés à atteindre les personnes isolées à cause des conflits et de la violence. Dans de tels contextes, les maladies peuvent facilement proliférer ; pas uniquement le sida, la tuberculose et le paludisme, mais même celles que nous pensions avoir vaincues : en Syrie, en seulement quelques années, l'interruption de la vaccination imputable à la guerre a provoqué la résurgence du virus de la polio autrefois éradiqué.

Si nous souhaitons mettre à profit les progrès déjà accomplis et avoir la moindre chance de protéger davantage de vies contre les maladies les plus meurtrières au monde, il faudra alors redynamiser et renouveler la prise de responsabilité, la détermination et l'engagement déjà constatés auparavant dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Heureusement, ce mois de septembre offre l'occasion aux dirigeants de se montrer à la hauteur de la situation en prouvant que les citoyens des pays riches ne se satisfont pas de laisser sévir des crises sanitaires pour la simple et bonne raison qu'elles tuent principalement des gens habitant des pays plus pauvres. Le Canada, à cet égard, a une chance unique de faire office de chef de file.

Aujourd'hui, vendredi 16 septembre, des représentants du monde entier se réunissent à Montréal afin d'examiner les trois prochaines années de financement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (actuellement connu simplement sous le nom de Fonds mondial), qui représente le principal mécanisme grâce auquel des interventions internationales visant à empêcher la propagation du VIH/sida, de la tuberculose et du paludisme sont possibles.

En tant que pays hôte, le Canada a déjà déclaré son engagement envers le renouvellement du financement. La possibilité lui est également offerte de montrer l'exemple et de rappeler à celles et ceux oeuvrant à la réalisation des objectifs des Nations unies pour 2030 que la reconstitution des ressources du Fonds mondial sera encore plus efficace quand la communauté internationale acceptera de réduire les barrières commerciales, de faciliter l'accès aux médicaments vitaux et à la recherche, et de garantir que les patients du monde entier puissent bénéficier des traitements dont ils ont besoin.

Nous devons apporter de l'espoir aux millions de victimes souffrant et mourant encore du sida, de la tuberculose et du paludisme. Nous en avons le pouvoir. Nous avons seulement besoin que les dirigeants mondiaux fassent preuve de courage pour retirer les obstacles qui nous barrent la route.