Bravo pour ce projet fantastique qui va redonner une dimension à la fois humaine et spectaculaire à cette entrée importante de la métropole.

Je réside dans le Québec profond, mais je viens régulièrement me promener à Montréal, souvent à vélo.

La seule ombre au tableau : après 10 ans de planification, des centaines de millions dépensés, des beaux discours à la suite de la mort de chaque cycliste, des piétons qui râlent sans cesse contre les vélos sur les trottoirs, rien n'est prévu pour permettre aux vélos de circuler nord-sud ou est-ouest. Une tranchée entre le Vieux-Montréal et le nouveau Griffintown.

On construit des trottoirs de 7 m de chaque côté et on synchronise les feux pour s'adapter au trafic automobile (impossible de traverser à pied ou à vélo et de compléter la manoeuvre dans les temps alloués). Maintenant, on envisage « éventuellement » de rafistoler le tout une fois les aménagements terminés, et de peut-être aménager quelque chose pour les vélos dans ce secteur névralgique de la ville.

Quelques commentaires sur l'article de Pierre-André Normandin, publié hier dans La Presse+ : 

CODERRE DANS LES PAS DE DRAPEAU

« Clin d'oeil plus qu'historique, le maire Denis Coderre a marché hier dans les pas de l'un de ses illustres prédécesseurs. "À l'époque, c'était moderne. Aujourd'hui, les choses ont changé", a noté Denis Coderre ».

À ce que je peux voir, les choses n'ont pas changé tant que ça. Le vélo est toujours considéré comme une sorte de nuisance qu'on place dans un no man's land, avec les conséquences que l'on connaît.

TROTTOIRS PRÈS DE CINQ FOIS PLUS LARGES

« Montréal a profité du chantier pour élargir considérablement les trottoirs. De 1,5 m de largeur, ils feront désormais 7 m, soit près de cinq fois plus. »

Dans cet immense espace, on n'a pas trouvé de place pour une piste cyclable.

« Des plantations seront ajoutées en bordure des trottoirs pour créer une zone tampon entre les piétons et les voitures. »

Mais où iront les cyclistes ? Nulle part, sinon sur les trottoirs dans cette zone de circulation automobile intense, accès principal au centre-ville depuis la Rive-Sud.

PISTE CYCLABLE ENVISAGÉE

« Montréal a par ailleurs annoncé qu'il étudiait la possibilité d'aménager une piste cyclable au milieu de l'espace vert qui sera créé. La Ville avait écarté cette idée au départ, préférant inciter les cyclistes à emprunter des voies parallèles. »

Quelles voies parallèles ? Il n'en existe aucune.

« Le maire Coderre a toutefois reconnu qu'il serait difficile d'empêcher les vélos d'y circuler, si bien qu'un lien cyclable est maintenant envisagé. »

Dans combien d'élections, après combien de morts ?

« Cette absence d'une piste cyclable était d'autant plus paradoxale que Montréal veut aménager dans l'espace vert créé avec la disparition de l'autoroute une oeuvre d'art pour souligner la place du vélo. »

Belle symbolique !

À mon humble avis, Denis Coderre marche vraiment dans les pas de Jean Drapeau, et ne le désavoue vraiment pas. Les choses ont changé, mais pas pour les vélos. Tant pis pour les piétons qui devront endurer les vélos sur les trottoirs pour quelques dizaines d'années...

Quant à moi, j'ai très hâte de rouler en vélo entre les lignes rupestres que nos valeureux cols bleus vont dessiner « très droites »... à même les larges trottoirs. Je compte donc me prévaloir du Code de la sécurité routière si on m'importune : 

Article 492.1 : Le conducteur d'une bicyclette ne peut circuler sur un trottoir sauf en cas de nécessité.

Dans la situation décrite ci-haut, il me fera plaisir de rouler avec mes concitoyens piétons. Des années de plaisir en perspective !