L'achat de Rona par Lowe's est une autre preuve que le Québec recule. Qu'il perd de son indépendance, qu'il s'accroche de plus en plus à d'autres.

Les faits s'accumulent. Les entrepreneurs québécois ont été nombreux à fonder des entreprises qui sont devenues des fleurons, des piliers de notre économie : Desjardins, Provigo, Cogeco, Astral, le Cirque du Soleil et Rona ne sont que quelques exemples. Mais la tendance est lourde ; plusieurs de ces piliers passent à des mains étrangères ou hors Québec.

Cela veut dire que notre culture économique se dilue. Bell Média en a fait la preuve encore récemment en licenciant des employés montréalais, dont des gestionnaires de haut niveau, pour confier leurs tâches à des Torontois. Rappelons qu'en 2013, Bell a acheté plusieurs actifs radiophoniques et télévisuels d'Astral, entreprise apparue en 1961 à Montréal. Et, plus récemment, Bell Média achetait la division affichage de Cogeco, entreprise québécoise qui a vu le jour en 1957 en Mauricie. 

Rio Tinto, elle, supprimera Alcan de ses communications dès cette année. Le nom Alcan est apparu en 1928 ; Rio Tinto en est propriétaire depuis 2007.

Le Cirque du Soleil, lui, est passé à des mains américaines et chinoises avec une faible participation de la Caisse de dépôt et placement. 

Provigo, fondée en 1969 par quatre hommes d'affaires québécois, joint le groupe Loblaw (Ontario) en 1998.  En 1923, Joseph-Arcade Vachon et sa femme Rose-Anna Giroux empruntent 7000 $ pour acheter une boulangerie. La compagnie Vachon est née. Saputo achète l'entreprise en 1999, puis la revend à des intérêts mexicains en 2014. 

Vision 7, société mère de l'agence de communication Cossette, la plus importante au Canada et fondée au début des années 1970, est vendue à un groupe chinois en 2014. L'agence BOS, elle, est achetée par la multinationale japonaise Dentsu en 2012.

Mais pourquoi toutes ces ventes d'actifs majeurs ? D'abord, force est de constater que le Québec est un petit marché ne possédant pas suffisamment d'investisseurs assez solides prêts à débourser des sommes importantes. De plus, la province ne peut faire croître ses grandes entreprises, qui doivent nécessairement regarder ailleurs pour y arriver.

Et l'État ? Doit-il intervenir pour bloquer les transactions ? Non. Agir ainsi ne ferait que masquer un problème sous-jacent qui refera surface de nouveau un jour ou l'autre. Si le Québec ne peut favoriser la croissance de ses grandes entreprises, il doit se consacrer aux PME en les soutenant davantage et en leur facilitant la tâche. Notre salut passe indéniablement par là.