Tout d'abord, ne pas nuire : ce slogan, le serment d'Hippocrate, est répété solennellement depuis longtemps par l'ensemble des étudiants en médecine du Québec dès l'entrée dans le programme. Ne pas faire de tort, ici comme ailleurs. Nous y avons trouvé résonnance dans une série publiée récemment sur le volontourisme, une industrie fastidieuse.

Le volontourisme, nous sommes plusieurs à y avoir goûté, assez naïvement : des moustiquaires destinées à protéger contre la malaria utilisées à tort comme des filets à poissons ; des collégiens transformés en aides-chirurgiens ; des universitaires devenus parents adoptifs d'un mois. Ayant ainsi été confrontés à la question de façon répétée, nous y proposons quelques pistes de solutions, pour des partenariats durables, des expériences enrichissantes et un respect des communautés.

D'abord, réfléchir. Pourquoi partir ? Le seul fait de ne pas se lancer dans un tel projet sans réflexion est un début.

Il y aurait toujours un intérêt personnel : le goût de l'aventure, de la découverte, de l'altruisme. Mais rien n'empêche d'avoir des motivations qui restent honnêtes, humbles et réalistes, reconnaissant nos limites quant à notre rôle en terrain inconnu.

Il ne faut pas non plus hésiter à repenser notre voyage, voire à s'impliquer d'une autre façon : voyages écoresponsables, initiatives locales ou dons caritatifs. Bien souvent, le rôle d'un jeune citoyen qui ne souhaite pas nuire réside dans celui d'un observateur éveillé. Pourquoi faire quelque chose à l'étranger - comme vacciner, faire des points de suture ou accoucher des bébés - alors qu'il nous est impossible de le faire ici, sans une formation adéquate ?

Puis, se donner les outils nécessaires. Un programme de formation pré-départ rigoureux, basé sur l'éthique, l'impact - positif comme négatif - de notre présence, et modulé par les composantes culturelles, et l'adaptation à l'étranger, est de mise. Un suivi sur le terrain, des rencontres d'équipe, des échanges sensibles avec notre pays d'accueil, permettent d'optimiser le séjour. Enfin, une séance au retour doit démêler apprentissages, expériences et réflexions.

SE POSER DES QUESTIONS

Alors, si vous êtes toujours intéressés par un projet à l'international, nous vous lançons les questions suivantes : avez-vous le niveau de compétence approprié pour les tâches qui vous seront confiées ? Avez-vous bien défini vos propres objectifs de stage ? Connaissez-vous bien les objectifs de l'organisme qui vous encadrera avant votre départ, une fois sur place, et à votre retour ? Votre projet est-il porté par la communauté ? Et finalement, quelle sera la valeur ajoutée de votre présence sur le terrain ?

Il est vrai que partir à l'étranger, ce sont des vrilles pour quiconque y goûte, monnaie courante pour une partie de la jeunesse d'aujourd'hui. Mais, dans l'optique d'une communauté globale, d'une société plus juste, nous ne pouvons plus être les seuls à s'y enrichir : il nous faut partager, et ce, tout d'abord, sans nuire.

Signataires:

Maxime Leroux-La Pierre, Claudel P.-Desrosiers, Camille Pelletier Vernooy, David Alexandre Galiano, Stéphanie Lanthier-Labonté, Djamila Saad, Dr Yassen Tcholakov, Dr Marc-André Lavallée, Dr Olivier Gagné et Dr Étienne Renaud-Roy, étudiants et résidents en médecine, membres d'IFMSA-Québec (International Federation of Medical Students' Associations)