À la suite de la conférence de Paris où les villes se sont engagées à jouer un rôle encore plus important dans la lutte contre les changements climatiques, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) se devra aussi de donner l'exemple en 2016, et ce, bien au-delà de la question du climat.

Voici six exemples applicables à notre réalité métropolitaine en termes de protection du territoire.

Démêler les cartes sur la protection du territoire

Dans son plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD), la CMM s'est fixé comme objectif de protéger 17 % de son territoire. Il s'agit d'un des plus grands défis, non pas par son niveau de difficulté, mais en termes de logistique : les villes, entre elles, n'ont pas la même définition de ce qui est protégé. Pour ajouter à la complexité, certaines municipalités ont des espaces protégés (selon la Loi sur le patrimoine naturel), mais ne savent pas que ces territoires sont protégés.

La CMM se devra donc, dès la fin de cette année, de démêler les cartes et d'assurer un leadership dans ce vide procédural.

Adopter un plan de conservation

Une fois que les règles sur la protection du territoire seront claires, l'adoption d'un plan de conservation à l'échelle de la CMM permettra d'avoir une image claire de son plan de protection de milieux naturels et des possibilités futures que ces milieux joueront. Bref, en 2016, nous serons en droit de nous attendre à ce que la CMM joue un rôle de planification et de chien de garde des dites planifications.

Différencier et délimiter le territoire où l'on veut construire du territoire que l'on veut protéger

Facile à dire, plus difficile à appliquer. Cette fameuse ligne permettant de délimiter ce que l'on veut protéger de ce que l'on veut développer contribuerait à mettre fin au plus grand enjeu de l'aménagement : l'étalement urbain. Cette délimitation permettrait de donner une protection supplémentaire aux milieux naturels et agricoles, donnerait plus de stabilité aux agriculteurs et proposerait à la population de véritables endroits de prédilection pour profiter du grand air.

Densifier son territoire

Dans le concept de densification, la population n'y voit encore trop souvent que de grandes tours d'habitation alors que cette idée devrait faire son chemin autrement : une meilleure qualité de vie, une diminution de l'utilisation de la voiture (particulièrement l'auto solo), des commerces à distance de marche, etc.

La CMM devra mieux faire connaître ce concept, l'appliquer largement et le faire respecter. En 2016, l'implantation seule de Transit Oriented development (TOD) ne suffira pas à densifier le territoire de la CMM et le statu quo pour les années subséquentes ne sera pas acceptable.

Aider les villes membres à atteindre les objectifs de protection du territoire

Certaines villes ont plus de volonté que d'autres lorsqu'il s'agit de protéger les milieux naturels. Cependant, lorsqu'elles tentent de le faire, deux murs se dressent devant elles.

 - Les villes ne perçoivent pas de taxes sur des milieux naturels, ce qui les prive de fonds potentiels pour offrir des services à leurs citoyens ;

 - Les villes doivent acquérir les terrains pour les protéger, ce qui coûte une fortune. Pire encore, si une ville interdit à un propriétaire de construire dans un objectif de conservation, celui-ci peut poursuivre la ville pour expropriation déguisée.

Les villes ont donc des moyens limités de protéger leur territoire et leurs milieux naturels, et ce, même si elles en ont la volonté. Par conséquent, il devient très difficile pour la CMM et ses villes d'atteindre 17 % de protection du territoire. 

En 2016, la CMM, avec comme président Denis Coderre, devra mettre le pied à terre et défendre le pouvoir des villes dans leur principale responsabilité, la planification du territoire.

Investir dans les infrastructures vertes

Bonne nouvelle, en 2016, on peut s'attendre à ce que les cinq grands projets de la Trame verte et bleue soient en voie d'être achevées. Ces projets de mise en valeur des milieux naturels devront néanmoins être considérés comme une première étape à la création d'une véritable ceinture verte du Grand Montréal, et non pas une finalité en soi.

Avec les changements climatiques qui s'accentuent, la région métropolitaine doit considérer ses milieux naturels comme un réseau stratégique d'infrastructures vertes.

Des infrastructures permettant d'atténuer les impacts d'inondations, de sécheresses et de vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, tout en assurant une meilleure résilience de la biodiversité. Il est temps pour la région d'accorder à ses infrastructures toute l'attention qu'elles méritent.

En somme, la CMM devra assumer son leadership pour exercer le contrôle de ses responsabilités et ainsi reprendre l'initiative de la région métropolitaine dans sa planification régionale. Étant une partie importante de la Ceinture verte du Grand Montréal, la CMM doit montrer l'exemple dans la protection et la mise en valeur des milieux naturels et agricoles.