On a beaucoup parlé d'itinérance au cours de la dernière année, et des solutions à y apporter pour l'enrayer. Je crois fermement que la rue peut avoir une issue pour un grand nombre d'individus.

Mais il ne faut pas se leurrer sur la facilité d'y parvenir ni minimiser les moyens qu'il faut se donner comme société pour y arriver : un revenu décent pour tous, des logements accessibles, des soins de santé adaptés et un encadrement permanent pour certains.

Il n'y a pas qu'une seule formule pour contrer l'itinérance, il faut savoir adapter l'offre de services à la problématique à laquelle chaque individu fait face.

Et pour certains, le placement en logement, même avec un suivi intensif, n'est pas garant d'une sortie permanente de la rue.

Cela dit, nous saluons l'élan collectif du réseau communautaire qui s'est engagé, avec le soutien du programme fédéral SPLI (Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance), à se mobiliser pour permettre la réinsertion sociale d'un nombre important d'usagers au cours des prochaines années.

À cet effet, un consortium formé de la Maison du Père, de la Mission Bon Accueil, de la Mission Old Brewery et de l'Accueil Bonneau a été créé sous le nom de Projet Logement Montréal, pour sortir d'ici quatre ans 250 personnes de la rue. Déjà, les résultats sont prometteurs.

À ce nombre de placements en logement s'ajouteront les résultats obtenus annuellement par chacune de nos institutions qui, bon an, mal an, réussissent à réintégrer, par leurs divers programmes et avec le soutien de fonds privés, des personnes qui, autrement, tomberaient dans une itinérance chronique.

ORIENTÉS VERS LA RÉINSERTION

Depuis 1969, notre organisme est résolument orienté vers la réinsertion sociale, avec ou sans accompagnement. Dans nos murs, nous déployons toute une panoplie de services pour faciliter la stabilisation et la transition de chacun vers l'autonomie : accompagnement financier, aide à l'employabilité ou à la scolarisation, soutien dans les démarches administratives ou judiciaires, soins de santé de proximité, pour ne nommer que ceux-ci.

La Maison du Père, c'est 453 modes d'hébergement. Elle a créé, entre autres, la Résidence J.A. DeSève, une maison de retraite pour les aînés de la rue, pour des hommes qui ont besoin d'un environnement et de soins adaptés à leur condition. La population itinérante vieillit au même rythme que la population en général, mais elle nécessite des soins qui tiennent compte du mode de vie que ces personnes ont connu. Nous allons donc poursuivre le développement de cette expertise, puisque nous considérons que tous les hommes qui sont à la Résidence sont clairement sortis de la rue.

Nous ne sous-estimons pas toutefois la nécessité de maintenir nos services d'urgence, car il y a encore trop de gens dans la rue. Notre mission est de les accueillir pour les aider à s'en sortir le plus rapidement possible. Nous les traitons avec dignité, comme il se doit.

L'accès au logement est primordial pour contrer l'itinérance. Toutefois, nous avons besoin qu'un nombre plus important de spécialistes de la santé physique et mentale acceptent de s'impliquer auprès de cette clientèle particulière. Il faut que l'ensemble du réseau de la santé et des services sociaux accepte d'adapter ses pratiques à la réalité de cette population. Pour ce faire, ils pourront compter sur un allié de taille, le réseau communautaire.

Ensemble, pour que la rue ait une issue.