Beaucoup pensent que le racisme ou la discrimination existent seulement entre les races ou les ethnies : c'est faux.

Malheureusement, ceux qui jouent sur la peur dans leurs discours cherchent surtout à provoquer la désunion, en insistant sur les différences. En réalité, les hommes ont en commun plus de choses qui les rapprochent que de choses qui les séparent.

Sur le terrain, il y a une forme de discrimination beaucoup plus néfaste : celle au sein d'une même communauté. Les exemples sont multiples. Cette forme de discrimination peut nuire à cette communauté et, de ce fait, à la société d'accueil dans laquelle elle baigne.

Heureusement, ce sont des formes minimes de discrimination qui ne font pas la règle, sauf que leurs effets sont bien là. Chaque jour, grâce à l'éducation, beaucoup de jeunes travaillent fort pour la dépasser.

Sans tomber dans la généralisation, quand je regarde la communauté musulmane au Canada, je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point elle n'est pas assez unie ; elle est à l'image des musulmans dans le monde malgré son niveau élevé d'éducation. On a juste à compter les différents types de mosquées qui existent. Chacun crie de sa propre voix : Marocain contre Algérien, Tunisien contre Égyptien, Libanais contre Syrien, nouveau converti contre héritier de l'islam, sunnite contre chiite, noir contre Maghrébin, et personne d'eux ne veut voir le Pakistanais ou l'Afghan comme chef ou responsable. Il y a un manque d'union flagrant, mais surtout d'une même voix pour les représenter comme un chef de file ou une grande institution qui travaillera pour le bien commun.

Pire encore, il y a une autre forme de discrimination tacite entre les immigrants eux-mêmes. La deuxième génération contre la première génération, ou la troisième génération contre les nouveaux arrivants. Cette première génération qui n'arrive pas à se passer de son antenne parabolique pour suivre les émissions de télévision ou la politique du pays d'origine.

Une deuxième génération perdue entre le marteau de la première génération qui essaye de lui rappeler les valeurs du pays d'origine, très souvent par peur de perdre ses traditions, et l'enclume d'une société d'accueil qui confond souvent intégration et assimilation.

Quant à la troisième génération qui se sent plus québécoise et canadienne, le « clash » n'est pas facile ; elle est perçue par les autres générations comme trop intégrée, des fois même assimilée, alors qu'elle n'est que le produit de sa société d'accueil. Certains, pour prouver leur intégration à l'hôte, se sentent obligés de cracher sur leur origine et surtout leur communauté. Un conflit intergénérationnel qui finit par avoir des conséquences sur le fonctionnement de chacun et donc sur la société en général.

L'héritage n'est pas facile, car chaque enfant hérite des croyances de ses parents, ce qui est normal, mais aussi de ses préjugés et de ses peurs, malheureusement. La discrimination n'a pas de couleur ni d'âge ou de religion. Les préjugés se nourrissent de l'ignorance de l'autre.

Plus que jamais, on a besoin de communautés unies dans leur société d'accueil. Notre ennemi commun est l'ignorance. La meilleure façon de servir notre société d'accueil afin d'assurer une intégration saine pour nous et nos enfants, c'est surtout, d'une part, de régler nos problèmes internes et de s'unir contre la peur de l'autre et, d'autre part, de se définir par notre société d'accueil et non par notre race ou notre ethnie, sans pour autant renier ses origines ou appartenances.