Le manque de courage, ou simplement d'initiative, dont font preuve certains politiciens et administrateurs dans leurs décisions à l'égard de la mobilité des piétons et des cyclistes est déconcertant, particulièrement quand arrive l'hiver. La marche et l'utilisation du vélo comme moyens de transport constituent deux façons de se déplacer dont les avantages ne sont plus à démontrer. Et ceux-ci ne s'arrêtent pas quand l'hiver arrive.

Que nous marchions pour le plaisir, par souci d'économie ou encore parce que c'est plus écologique, plus simple ou meilleur pour notre santé, tant mieux. Qui plus est, nous contribuons ainsi à la fluidité de la circulation, tellement importante aux yeux de plusieurs, et sans doute même à celle de notre système de santé !

Mais quand approche l'hiver, un lot de mauvaises nouvelles n'est jamais bien loin pour nous. Pendant la saison froide, les trottoirs font souvent l'objet d'un niveau d'entretien douteux et bien des pistes cyclables sont fermées, forçant celles et ceux qui voudraient continuer de pédaler à utiliser les petites rues mal entretenues ou les grandes artères achalandées. Ainsi, on comprend ce message : « Vous passerez ailleurs ! »

LE PONT JACQUES-CARTIER

Une communication officielle de la société Les Ponts Jacques Cartier et Champlain incorporée (PJCCI) annonçait la semaine dernière que la piste multifonctionnelle et le trottoir fermeraient cette année le 23 décembre pour la saison hivernale. « Comme d'habitude », nous répondrez-vous.

Cependant, les températures, précipitations incluses, sont aujourd'hui bien plus favorables que celles qui conditionnent la fermeture du pont, bon an, mal an. Rien ne justifie cette fermeture prématurée, vu l'arrivée tardive de la saison hivernale. D'autant que PJCCI indique sur son site internet maintenir « ouverts [le trottoir et la piste] le plus longtemps possible jusqu'à ce que les conditions climatiques rendent leur accès non sécuritaire ».

Signalons que PJCCI a pour mission d'« assurer aux usagers un passage sécuritaire par la gestion, l'entretien et la réfection des infrastructures en optimisant la fluidité de la circulation et en respectant l'environnement ». Or, lorsque la piste multifonctionnelle et le trottoir du pont ferment, tous les usagers non motorisés du pont perdent leur droit de passage, et il devient carrément impossible de se déplacer à vélo entre Montréal et la Rive-Sud à l'heure de pointe, le métro ne pouvant être utilisé.

On ne viendra donc pas nous dire que le vélo est un moyen de transport reconnu, encore moins encouragé !

Ainsi, comme les autres, Marc Garneau, notre nouveau ministre canadien des Transports, nous dit « Vous passerez ailleurs ». Tout un défi, dans le cas de la traversée du fleuve Saint-Laurent !

RUE BRÉBEUF

L'administration de Luc Ferrandez avait prévu, à l'automne, des travaux afin de rendre la piste de la rue Brébeuf utilisable en hiver. Ces travaux réduisaient le nombre d'espaces de stationnement, ce à quoi Denis Coderre s'est opposé. Résultat ? Un compromis dans lequel le trottoir est coupé de moitié en largeur, le rendant inutilisable pour plusieurs, afin de permettre à la fois la piste cyclable et le stationnement.

Or, coup de théâtre : la porte-parole de l'opposition officielle en matière de vélo, Marianne Giguère, nous apprenait sur Facebook que la piste ne pourrait finalement pas être déneigée cet hiver à cause d'une demande des « ingénieurs des transports actifs ». C'est le comble, d'autant que c'est afin de pouvoir déneiger la piste que toute cette saga a commencé au début de l'automne. En réponse à la publication, Marc-André Gadoury, homologue de Mme Giguère au sein de l'administration Coderre, explique que c'est une décision de l'arrondissement plutôt que de la ville centre. Qui croire ? En tout cas, le message est clair : « Piétons et cyclistes, vous passerez ailleurs ! »

Encore une fois, et bien que les paroles de nos élus soient encourageantes pour l'avenir du cyclisme utilitaire au Québec, les actions de nos gouvernements envoient un tout autre message. Par ailleurs, on attend de la part du gouvernement du Québec une refonte en profondeur du Code de la sécurité routière, promise depuis longtemps, qui doit permettre un meilleur partage de la route au bénéfice des usagers les plus vulnérables. Peut-on croire que cette révision nous réservera enfin de belles surprises ou, à l'instar des autres ordres de gouvernement, Québec nous demandera-t-il aussi d'une façon ou d'une autre de choisir un autre chemin ou même de changer de moyen de transport ?