De tout temps, les centres urbains ont représenté cette force motrice qui propulse la culture de même que l'économie à l'échelle planétaire.

Aujourd'hui, ils doivent s'ériger en figures de proue afin de répondre au plus grand défi que n'ait jamais affronté l'humanité : les changements climatiques.

Montréal passe à l'action. En vue de remédier à d'éventuels dommages causés par des intempéries catastrophiques, la Ville vient de dévoiler un plan quinquennal visant à consolider ses infrastructures et à instaurer des mesures d'intervention en cas d'urgence.

En outre, Montréal étudie le meilleur moyen de tirer profit de l'expertise et du savoir-faire que détiennent gens d'affaires et universitaires dans les centres urbains, et ce, pour relever le défi que posent les changements climatiques.

Voilà l'important travail de réflexion qu'ont mené les intervenants au Sommet de Montréal sur l'innovation. Organisé par l'Université Concordia en collaboration avec le Quartier de l'innovation de Montréal et la chambre de commerce du Montréal métropolitain, ce colloque nous adresse un vibrant appel à l'action.

L'ESSOR DES VILLES

Selon une évaluation des Nations unies, le ratio de la population mondiale habitant dans les centres urbains augmentera jusqu'à atteindre 66 % en 2050. La hausse sera particulièrement marquée en Asie et en Afrique. Si cette prévision se confirme, dans 35 ans, il y aura 2,5 milliards de citadins de plus.

Une croissance aussi rapide implique que des phénomènes météorologiques extrêmes, provoqués par les changements climatiques, toucheront de plein fouet les résidants des villes - d'autant plus que ces derniers dépendent tout particulièrement des chaînes d'approvisionnement mondiales.

L'essentiel réside dans la transition vers une économie sobre en carbone. Pour la franchir avec succès, nous devrons absolument faire preuve d'innovation sur les plans technologique et social.

POLITIQUES

D'entrée de jeu, il faut que ces innovations confèrent aux villes un pouvoir réglementaire visant la réduction des émissions de carbone. Bien que des stratégies nationales soient essentielles, les centres urbains doivent disposer d'une telle compétence pour affronter leurs enjeux particuliers.

Les grandes agglomérations ne peuvent pas se permettre de continuer à gaspiller l'énergie au rythme où elles le font actuellement, et ce, même si leurs infrastructures vieillissent. Nous devons plutôt améliorer considérablement celles-ci et investir massivement dans les sources d'énergie renouvelable comme dans les programmes d'économie énergétique.

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Nous devons sécuriser davantage l'approvisionnement en vivres de nos villes. Bien souvent, les citadins sont tributaires de produits alimentaires fabriqués à des milliers de kilomètres de leur lieu de résidence. Ils doivent donc modifier leurs habitudes de consommation et privilégier dorénavant les denrées de production locale.

Ce principe, qui sous-entend la culture et la production collectives d'aliments en petites quantités, contribuerait à minimiser les perturbations que causerait le mauvais temps à la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Par ailleurs, il nous faut repenser la relation entre campagne et ville en matière d'agriculture. À ce sujet, l'établissement dans les centres urbains d'une activité agricole soutenue, durable, constitue certes l'une des voies à explorer. Ainsi, les Ghanéens pratiquent la culture irriguée de légumes dans leurs villes. De même, à Montréal, Les Fermes Lufa ont démontré le fort potentiel de rendement de l'agriculture sur toit.

TRANSPORT

Afin de réduire notre empreinte en carbone, nous devons repenser nos systèmes de transport urbain. La conception de villes axées sur la circulation automobile est dépassée ; cette vision date du siècle dernier. Il faut que les grandes agglomérations planifient, mettent en oeuvre et financent des réseaux de transport public peu polluants, ainsi que des pistes cyclables et des voies piétonnières. D'ailleurs, Montréal a annoncé un ajout d'autobus électriques dès l'année prochaine.

Bonne nouvelle : des solutions innovantes se concrétisent déjà dans les centres urbains du monde entier et proposent d'intéressants modèles de développement. Par exemple, Hangzhou, en Chine, s'est inspiré de diverses villes avant-gardistes d'Europe et a repris la formule BIXI, de Montréal. Déployé tous azimuts, son réseau compte quelque 66 500 bicyclettes.

Comment s'assurer que de telles innovations soient adoptées à vaste échelle ? Tout repose sur la volonté politique.

Nos maires et nos leaders communautaires doivent produire de solides analyses sur la rentabilité d'investissements du genre. Ainsi, petites entreprises et grandes sociétés pourront prospérer dans une économie urbaine et écologique.

*directeur général du programme Terre d'avenir (Future Earth)