Je suis contre le projet d'oléoduc parce qu'il représente un risque déraisonnable pour la sécurité, la santé et le bien-être des personnes que je représente. C'est ce que je ferai valoir aujourd'hui à la Commission de l'environnement de la Communauté urbaine de Montréal.

Plusieurs l'affirment et je n'ai pas l'intention de les contredire, Laval s'est développé en fonction de la culture de l'automobile. Cependant, il est également vrai d'affirmer que le temps est venu pour Laval d'évoluer vers de nouvelles orientations inspirées par le développement durable. Et les énergies non renouvelables, comme le pétrole, ne font pas partie de ces orientations.

D'ailleurs, nous savons tous que l'usage du pétrole impose à l'environnement une pression que la planète ne peut plus supporter. C'est un constat connu et compris par la vaste majorité de la population. Et à Laval, nous avons également compris que l'heure n'est plus aux constats ou aux bonnes intentions. Le temps est venu d'agir et de prendre des décisions courageuses.

Voilà quelques-unes des bonnes raisons qui justifient mon opposition au projet d'oléoduc Énergie Est.

J'ajoute par ailleurs que le principe de précaution est un élément incontournable qu'il faut considérer dans l'analyse de la situation. Il est absolument certain qu'un déversement de pétrole dans nos rivières ou nos cours d'eau aurait des conséquences désastreuses. Sans compter sur le fait que ce sont les municipalités traversées par l'oléoduc, dont Laval, qui auraient à assumer tous les dommages causés par cette éventuelle catastrophe. Et j'insiste sur la notion d'éventuelle, donc de possible, puisqu'il a clairement été démontré que les possibilités de fuites ou de déversements pour un oléoduc comme celui prévu par TransCanada sont réelles. Qui veut courir le risque déraisonnable de vivre ce genre de catastrophe ? Certainement pas Laval.

À Laval, tout comme dans les autres municipalités touchées par ce projet, nos citoyens et les générations futures n'ont rien à gagner et tout à perdre.

Je suis convaincu que le fait de soutenir l'exploitation des sables bitumineux de l'Ouest canadien - et c'est ce que nous ferions si nous disions oui à ce projet - constitue une erreur que nous ne pouvons pas nous permettre. Il suffit de constater à quel point le réchauffement climatique cause des ravages que nous arrivons à peine à évaluer. Ceci, en plus des impacts de la pollution atmosphérique sur la santé humaine. Encourager l'implantation de cet oléoduc nous ferait reculer de plusieurs décennies en ouvrant la porte à la possibilité de causer des dommages irréversibles à l'environnement. Pour moi, c'est tout simplement impensable.

À l'ouest de l'Alberta, la Colombie-Britannique a refusé le projet. Les États-Unis pensent à le bloquer au Sud. Je ne crois pas que l'Est du Canada devrait devenir la solution de dernier recours.

Je pense sincèrement que les gouvernements auraient tout intérêt à favoriser une transition immédiate vers des sources d'énergie viable comme l'électricité, l'éolien et le solaire. C'est un objectif de ce genre, orienté sur des principes de développement durable, qui représente la vraie solution au problème. Sur le plan municipal, nous avons la possibilité de viser cet objectif. Par exemple, à Laval, nous encourageons le transport collectif et la mobilité active et nous en sommes fiers.

Plusieurs l'affirment et je n'ai toujours pas l'intention de les contredire : l'automobile fait encore partie de nos modes de vie. D'ailleurs, la solution au problème qui nous préoccupe aujourd'hui n'est probablement pas de bannir d'emblée le pétrole. Par contre, il ne s'agit pas non plus de rester silencieux ou inerte devant une menace à notre sécurité. Il faut agir maintenant pour renverser la vapeur.

J'affirme donc haut et fort que refuser d'ouvrir les vannes à ce projet aussi risqué que néfaste est la seule position que je suis en mesure de défendre.