À l'approche des élections, on parle souvent du cynisme des électeurs envers les politiciens. Certains en attribuent la raison aux médias, d'autres aux électeurs. Personnellement, je mets en cause nos politiciens.

Certains partis savent qu'un plus faible taux de votation les avantage. Pourtant, le but de tout politicien devrait être la plus grande participation possible. Les élections sont la période où nos politiciens pilent sur leurs principes. Malheureusement, elles sont suivies d'une période durant laquelle ils reviennent sur leurs promesses.

Les élus ne sont pas une élite de sages qui comprennent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui. Ils sont élus pour représenter la volonté du peuple, pas lui imposer la leur. Rompre des promesses électorales n'est pas un acte bénin. C'est, d'une certaine façon, une fraude. Un avocat qui contreviendrait aux directives de son client ferait face à des sanctions. Un médecin qui couperait une jambe sans l'accord du patient serait radié. Dans le cas des politiciens, cette fraude n'a pas de conséquences.

On trouve des gens qui justifient de tels mensonges en disant que sans ces mensonges, les politiciens n'auraient pas été élus ; justification circulaire, s'il en est une.

Pour remédier à cette situation, je propose que chaque parti s'engage à respecter cinq promesses au centre de leur programme. Ces promesses devraient être des actes clairs, non ambigus, objectivement mesurables et chiffrés. On ne parle pas ici de voeux pieux du genre « relancer l'économie », « réduire la pauvreté » ou « créer X emplois ». On parle ici de définir clairement des actions concrètes. « Nous réduirons le nombre d'élèves de cinq par classes en injectant X millions par année. Ces millions seront dépensés ainsi :  (description précise) ». Que du concret.

Après deux ans au pouvoir, le non-respect de la lettre de ces cinq promesses entraînerait automatiquement des pénalités financières pour le parti au pouvoir ainsi que le déclenchement d'élections immédiates, sauf si une majorité des députés de l'opposition juge que le gouvernement a respecté l'esprit de sa promesse. Évidemment, le parti au pouvoir n'aurait pas le droit de vote à ce moment.

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Quand on dit que le député sert à représenter sa circonscription, on ne parle pas seulement de siéger à Québec ou à Ottawa. Le député doit aussi faire du travail de bureau dans sa circonscription pour y aider les citoyens. Il devient en quelque sorte une aide, un facilitateur, même un avocat devant les méandres de la bureaucratie.

Lors d'une élection, il arrive qu'une circonscription change de député. Ce qui ne change pas, ce sont les citoyens et leurs problèmes en cour de résolution. Ce qui devrait changer de mains, ce sont les dossiers du député.

Or, il arrive qu'un député sortant détruise ses dossiers pour en priver son successeur, comme l'a fait Alain Paquet lors des élections de 2012, puis Pauline Marois l'an dernier, par exemple. Tout ce que cet acte méprisable accomplit, c'est d'obliger le citoyen à recommencer ses démarches à zéro auprès du nouveau député. Dans le privé comme au public, celui qui détruirait ses dossiers au lieu de les transmettre à son successeur serait poursuivi en justice. Il faudrait mettre ces dossiers sous clé le jour de l'élection et imposer une sanction pécuniaire importante et une peine de prison à celui qui ne les transmettrait pas tous.

Chers élus, il ne tient qu'à vous de réduire ce cynisme si nuisible à la démocratie. Ah, j'oubliais. En ces temps d'austérité, pouvez-vous donner l'exemple et réduire vos dépenses électorales ?