Avant d'être contribuables et consommateurs, nous sommes tous citoyens. Nous élisons un gouvernement pour que chacun ait accès, au meilleur coût, aux services qui lui sont nécessaires. Le contribuable participe d'abord pour une société équilibrée: juste et équitable, où chacun peut contribuer à son plein potentiel.

Il le fait pour obtenir les services de qualité dont il a, et aura, besoin tout au long de sa vie, y compris lorsque les aléas de la vie, la maladie ou l'âge le rattraperont.

En payant immédiatement davantage pour moins de services pour lui et les autres, maintenant et plus tard, il est perdant. Lorsque le gouvernement provincial équilibre son budget en déséquilibrant celui des municipalités et en faisant des coupes dans ses transferts sans préavis, l'équilibre n'a d'équilibre que le nom. Lorsque le gouvernement transfère au consommateur, à coût supérieur, des services essentiels comme ceux difficilement compressibles liés à la santé, le citoyen est perdant. Et quand on dit à ce dernier que c'est de la rigueur, il est le dindon d'une sinistre farce.

En abolissant, au nom de l'économie, des emplois qui soutiennent le développement économique dans les communautés déjà fragilisées, souvent par de précédentes politiques à tristement courte et étroite vue, le gouvernement ne sert pas le citoyen. En centralisant, dans l'espoir incertain de faire des économies, le gouvernement oublie comment il perd de l'efficacité et de la pertinence en s'éloignant des réalités, fragilisant particulièrement les communautés éloignées des grands centres au passage. Côté rigueur, on repassera.

Que dire lorsque, bientôt, l'essentiel des jeunes n'aura plus accès aux services des carrefours jeunesse-emploi - ou de ce qu'il en restera - pour améliorer son sort et développer son plein potentiel? Quel équilibre atteint-on en attendant que les jeunes soient sans emploi pour les soutenir? Tous sont rigoureusement perdants lorsqu'on gaspille les talents et l'enthousiasme de la jeunesse, de notre avenir.

De plus en plus, le gouvernement abandonne non seulement les laissés-pour-compte, mais aussi ceux qui leur viennent en aide. L'attention des organismes communautaires est de plus en plus détournée de leur mission, qui consiste souvent à compenser les manquements des gouvernements, pour plutôt devoir solliciter les dons d'un public déjà sursollicité. Est-ce vraiment dans les poches de celles et ceux dont toute l'existence est austérité qu'il faut gratter pour équilibrer les budgets des divers ordres de gouvernement?

Ne perdons pas de vue que c'est ultimement le budget des citoyens qu'il faut équilibrer aujourd'hui et pour l'avenir. Or, quand, pour créer l'illusion d'équilibre budgétaire à brève échéance, on leur impose des coûts monétaires et sociaux plus grands ailleurs, ils sont perdants. Et quand c'est fait à l'aveuglette, sans débat, on obtient en plus un déficit démocratique.