L'auteure réagit au texte «Les métiers contre le décrochage», publié le 18 février.Monsieur Leblanc, j'approuve sans réserve votre message visant à valoriser l'éducation et à promouvoir la persévérance scolaire. Toutefois, pour ce qui est d'encourager les jeunes du secondaire à cheminer vers un métier, je ne sais pas si vous êtes conscient que vous faites partie du problème.

Une prise de conscience de la part des employeurs est nécessaire, selon moi, afin que davantage de jeunes s'engagent dans une formation au secondaire menant à un métier.

Je suis enseignante au deuxième cycle du secondaire depuis plus de 10 ans. Il m'est arrivé à plusieurs reprises au cours de ces années d'avoir, au sein de mes classes, des élèves démotivés, en échec ou qui ne s'épanouissaient tout simplement pas dans le milieu scolaire traditionnel. Je me suis donc aventurée à suggérer à ces jeunes, que je connais quand même assez bien pour les avoir côtoyés pendant des mois, de s'orienter vers un parcours différent, menant à un métier, qui pourrait les rendre plus heureux.

Assez souvent, l'élève démontrait de l'intérêt à apprendre un métier, mais me répondait que ses parents insistaient pour qu'il aille chercher son diplôme d'études secondaires. J'ai souvent eu la même réponse en discutant moi-même avec les parents.

J'ai fini par comprendre que les parents, bien qu'ils voient que leur enfant est malheureux ou démotivé en classe, souhaitent que ce dernier obtienne le fameux DES, car ils ont la perception que c'est ce diplôme qui permettra à leur jeune d'obtenir un bon travail. Les employeurs, tant dans l'entreprise privée qu'au niveau municipal, gouvernemental ou des sociétés d'État, envoient le message qu'il faut terminer son 5e secondaire et obtenir un DES afin d'obtenir un poste enviable.

Les parents captent ce message et incitent ainsi leur enfant à poursuivre leurs études jusqu'à la 5e secondaire, même si ce n'est peut-être pas le parcours le plus approprié pour lui. Ils veulent ce qui est le mieux pour leur jeune, ce qui va lui procurer un meilleur avenir.

Convaincre les employeurs

Si les employeurs pouvaient lancer le message qu'ils souhaitent engager des diplômés, et non seulement des détenteurs du DES, je suis certaine que plusieurs parents seraient moins réfractaires à l'idée que leur enfant suive un parcours professionnel au secondaire.

Après tout, les jeunes ayant complété avec succès un parcours professionnel ont démontré de l'engagement, de la persévérance.

Ils ont réussi à atteindre les objectifs qui feront d'eux des professionnels dans leur domaine; ils sont diplômés, eux aussi.

Monsieur Leblanc, je trouve vos efforts louables pour ce qui est de promouvoir la voie professionnelle chez les jeunes. Il faudrait maintenant agir afin de valoriser les DEP auprès de vos pairs, ce qui amènera ensuite une prise de conscience des parents et des élèves du secondaire en faveur des métiers.