J'habite à deux coins de rue du Marché Jean-Talon, vers le nord, dans le très familial quartier Villeray. Fin d'après-midi ensoleillé, lundi (soit 24 heures après que la pluie se soit abattue sur la neige), je me décide d'aller y faire quelques courses.

Entre les rues Faillon et Jean-Talon, c'est la glace vive sur les trottoirs et dans les rues : zéro sel, pas l'ombre d'une petite roche. Si bien que c'est en me tenant après les automobiles stationnées, au milieu de la rue où surgit un mince sillon rugueux, que je réussis à me rendre de justesse jusqu'au marché, en effectuant de nombreux arrêts pour laisser passer les voitures qui font du slalom entre les stops.

Il va sans dire que le retour est tout aussi périlleux (bien que j'aie changé de rue, en espérant avoir un peu plus de chance). Tout le long de mon petit périple, je ne cesse de me demander comment font les personnes âgées, comment les ambulanciers peuvent se rendre dans les maisons, etc.

Le baratin habituel

Au Téléjournal, après qu'on ait parlé d'un cocktail météo exceptionnel et qu'on ait fait état des débordements pour cause de fractures dans les hôpitaux (je n'ose imaginer la cohue dans les urgences !), le maire Coderre fait appel à la « compréhension » des citoyens, expliquant qu'il s'agit là d'une situation exceptionnelle, que les équipes sont à pied d'oeuvre, etc. Bref, le baratin habituel qu'on nous sert chaque année, en pareille circonstance, mais pas de la même bouche.

Je vous demande donc, M. le maire et autres dirigeants éminemment concernés, qu'y a-t-il d'exceptionnel dans le fait qu'une ville comme Montréal - au Québec et au Canada, pays de neige et de grands froids - voie son mercure chuter abruptement en plein mois de janvier ?

Comment se fait-il qu'une ville comme Montréal, qui prétend au statut de métropole, n'ait pas de plan d'urgence pour répondre adéquatement et minimalement à ces situations exceptionnelles qui n'en sont jamais vraiment ?

Je vous entends me resservir qu'il me faut être compréhensif, que la Ville procède à des « priorités artérielles », etc. Mais alors, devrais-je déménager sur le boulevard René-Lévesque pour être certain de pouvoir aller faire mes courses au lendemain de circonstances semblables, l'hiver prochain ?

J'ai beau faire un effort, M. le maire, mais ma « compréhension » ne comprend pas.