Lorsque j'étais jeune, dans ma Gaspésie natale, il y avait un médecin dans la plupart des villages et un hôpital dans chaque sous-région. Le médecin faisait du bureau, comme on disait dans le temps, mais il se déplaçait aussi dans les maisons, en voiture, en traîneau à cheval ou en snowmobile.

Comme c'était avant l'entrée en vigueur de l'assurance maladie, il fallait payer pour les soins obtenus. Les familles étaient nombreuses et pauvres et je suis sûr que certaines ne pouvaient payer. Cependant, je n'ai pas souvenir que des personnes n'aient pas eu accès aux soins. Les médecins, comme les congrégations religieuses qui administraient les hôpitaux, avaient la vocation.

Un peu plus de quatre décennies plus tard, je vis dans la quatrième ville du Québec et je ne peux prendre rendez-vous chez un médecin de la région. Ils n'acceptent plus de nouveaux patients. Comme je suis plutôt en bonne santé malgré les années qui commencent à se faire nombreuses, je ne suis pas prioritaire au guichet d'accès de mon CSSS. Pourtant, j'ai parfois besoin de voir un médecin.

Une situation inacceptable

Je trouve proprement scandaleux et inacceptable que cette réalité soit celle du tiers de la population du Québec alors que le secteur de la santé accapare la moitié du budget de la province. Me Ménard, un recours collectif pour services payés et non rendus est-il possible?

Bien sûr, des mesures sont mises de l'avant par le Dr Barrette pour régler les problèmes de ce secteur. Mais après autant de médecins qui se sont succédé à la tête du Ministère de la Santé sans réel succès autre que d'avoir brassé les structures, je ne peux faire autrement que douter.

J'en suis venu à penser que les médecins ne sont peut-être pas les mieux placés pour apporter des solutions innovantes. Peut-être aussi - puisque plusieurs semblent avoir moins la vocation ou que la loi des rendements décroissants opère quant à leur rémunération, et que ceux-là préfèrent se ménager plus de temps de loisir - que la première ligne devrait davantage être confiée aux infirmières.

Enfin, sans rien enlever à l'importance d'adopter des mesures rigoureuses dans les différents ministères pour redresser les finances publiques du Québec, une priorité ne devrait-elle pas être accordée au secteur de la santé, dans le sens de ne pas laisser la responsabilité de tout régler à un seul homme, mais de mobiliser une commission spéciale sur le sujet?

En attendant, malgré mes doutes, je veux faire confiance au Dr Barrette et je lui souhaite de tout coeur de réussir, pour mon bien et celui de l'ensemble de la population du Québec qui paie pour des services de santé et s'attend légitimement à en recevoir.