Dans sa chronique du 16 avril, Alain Dubuc se penche sur les raisons qui ont poussé plus de 320 000 personnes à choisir Québec solidaire le 7 avril.

Selon lui, elles ont voté pour le canari, un oiseau sensible aux émanations mortelles, jadis utilisé pour prévenir les travailleurs des dangers encourus au fond des mines. Le texte de M. Dubuc qui se veut bienveillant à l'égard de Québec solidaire, comporte cependant plusieurs erreurs d'appréciation factuelle qu'il importe de corriger.

Parlant de notre plan pour sortir le Québec de sa dépendance au pétrole, M. Dubuc affirme que «personne ne propose sérieusement cela dans le monde industrialisé». Au moins deux pays tout à fait comparables au Québec ont un plan précis de sortie du pétrole: la Suède et le Danemark. Le premier avec un échéancier sur 15 ans, lancé fin 2005 par la ministre suédoise du Développement durable, Mona Sahlin, pour libérer la Suède de sa dépendance au pétrole avant 2020.

À l'instar de ce pays, nous proposons un plan ambitieux qui vise à réduire notre consommation de pétrole pour faire face au plus grand défi de ce siècle, la lutte aux changements climatiques. Au moment où tous les experts climatiques nous pressent d'agir, au moment où il devient évident que le saccage actuel de la planète va entraîner des coûts humains, économiques et écologiques incalculables, l'essentiel est-il de savoir si on peut sortir du pétrole en 15, 20 ou 25 ans, ou plutôt d'admettre que des mesures énergiques sont nécessaires dès maintenant? Le canari de M. Dubuc est en train de mourir impuissant au fond de la mine. La réponse consiste-t-elle à faire l'autruche en se mettant la tête dans les sables bitumineux?

Le choix de la gauche

Québec solidaire est à gauche des autres partis au Québec, car nous sommes les seuls à maintenir une plateforme résolument social-démocrate et à proposer des changements économiques, politiques et socioculturels profonds. Nous qualifiant d'extrême gauche, M. Dubuc met en doute notre cadre financier. Nous lui répondons que tout est une question de choix et de priorités.

On peut discuter pour savoir ce qui ne balancerait pas dans nos chiffres. Mais l'essentiel dans un débat concret sur les finances du Québec devrait être de se demander, par exemple, quelle devrait être la juste part des entreprises dans le budget de l'État. Peut-on discuter du fléau de l'évasion fiscale, rendue possible par les échappatoires fiscales et la concurrence déloyale des juridictions de complaisance comme le Delaware?

Peut-on lucidement reconnaître l'ampleur des gaspillages entraînés par certaines politiques industrielles, comme les mégabarrages ou la subvention à une nouvelle cimenterie, celle de Port-Daniel, ou encore la politique actuelle du médicament, dont Pharma-Québec tente de corriger les conséquences ruineuses?

Parlant de Pharma-Québec, il est erroné de prétendre que Québec solidaire veut nationaliser l'industrie pharmaceutique. Dans notre proposition, que nous invitons M. Dubuc à examiner, l'industrie pharmaceutique privée continuerait à produire les médicaments. Le mandat de Pharma-Québec consisterait simplement à utiliser notre pouvoir d'achat collectif pour négocier de façon centralisée de meilleurs prix pour les médicaments. Nous le faisons déjà dans les hôpitaux du Québec grâce aux corporations d'achats groupés, qui obtiennent 30% de réduction dans les prix.

M. Dubuc devrait donc se réjouir que Québec solidaire propose d'adopter les meilleures pratiques de l'Ontario, de la Nouvelle-Zélande et de la Colombie-Britannique pour économiser plus d'un milliard dans la facture de la RAMQ. Simple question de réalisme budgétaire.

En somme, nous assumons pleinement notre posture de gauche et écologiste. Nous sommes prêts à débattre de nos propositions. Encore faut-il en rendre compte avec justice et clarté.