Les mouvements politiques historiques prennent leur sens lorsqu'on les observe dans leur globalité. Les gestes et pensées de chaque individu, qu'on voudrait croire uniques à leur contexte, se répètent dans presque toutes les sociétés ayant des conditions similaires.

Ainsi, le nationalisme identitaire du PQ n'est pas une tare sociale propre aux pauvres petits Québécois repliés sur eux-mêmes. C'est une réaction normale, dans un contexte de mondialisation, devant l'arrivée de nouvelles cultures, de nouvelles identités, dans ce qu'on considère comme son chez soi.

Justement, certains diront que dans un contexte de mondialisation, ce nationalisme identitaire est dépassé et porte de vieux relents de xénophobie. Et pourtant, c'est tout le contraire, il me semble. La mondialisation tend à une certaine uniformisation des cultures. Partout, au nom du libre-échange et compagnie, on se retrouve à regarder les mêmes films, à avoir une mixité culturelle semblable, et le Québec n'y échappe pas. Ainsi, au nom de la diversité, il apparaît presque comme un devoir de s'assurer que chaque culture et langue spécifiques subsistent. De là le rôle du nationalisme.

Préserver notre culture

Il y a justement quelque chose d'éminemment spécifique à vivre en Amérique et y parler français. Notre parlure, pour le meilleur et pour le pire, n'existe nulle part ailleurs. Notre côté européen en Amérique est unique. Nous jouons du country americana avec des chansons françaises en tête. C'est notre devoir, au nom de la diversité, de tout faire pour préserver cette culture.

Et même au-delà de la culture, le nationalisme tend à préserver une diversité des voix sur l'échiquier mondial, au niveau de l'environnement, l'économie, la société, etc. Alors que les enjeux deviennent plus mondiaux et moins locaux, n'est-il pas plus important que jamais que chaque peuple ait une voix qui compte?

En soi, le nationalisme ne concerne pas nécessairement l'enjeu de la race ou de la religion. Le Petit Robert définit une nation comme étant «un groupe humain constituant une communauté politique, établie sur un territoire défini (...) et personnifiée par une autorité souveraine». À mes yeux, le nationalisme québécois est en un d'idéologie, de culture, de langue, et non d'origine ethnique ou de religion.

Ainsi, le nationalisme québécois vise selon moi à défendre une certaine manière de vivre, de parler, de concevoir le monde, peu importe l'origine ethnique de celui qui le porte. Et que cette nation québécoise progressiste ait un siège dans les grandes assemblées, aux côtés de la France, du Danemark, de la Bolivie et autres, cela apparaît à la fois comme une évidence et une nécessité.

Partout en Europe, la montée de l'ultranationalisme inquiète. Même chez les Scandinaves, qu'on voudrait croire infailliblement vertueux, les partis xénophobes d'extrême droite gagnent du terrain. On voudrait croire à des déviations qui se répandent chez les citoyens.

En vérité, ces mouvements ne sont que des statistiques historiques qui témoignent d'un malaise grandissant de la population face à l'effritement de son identité. Essayer de les éradiquer, de les dissimuler, sans en comprendre les souches serait inutile, comme peindre une plaie au lieu de la soigner. En ce sens, un nationalisme balancé apparaît comme une soupape de sécurité pour contrôler la pression interne.

Nous voilà donc devant un choix: récuser tout nationalisme ou souverainisme au nom de la mondialisation et de la tolérance (et de l'électorat, dans certains cas...), ou en accepter assez pour éviter une future catastrophe. Selon moi, un certain nationalisme est nécessaire, pour des raisons politiques et culturelles.