Le gouvernement Marois souhaite implanter un nouveau cours d'histoire obligatoire dans tous les cégeps dès la session d'automne 2014. Ce cours qui s'appellera vraisemblablement «Histoire du Québec contemporain» devrait remplacer l'un des deux cours complémentaires de la formation générale.

Cette modification au régime pédagogique collégial est viciée dans ses fondements. Le problème ne réside pas au niveau de la matière, mais à celui des intentions. On souhaite, à l'aide d'un cours propagandiste, fomenter une nouvelle génération de collégiens à qui on aura inculqué une version biaisée de l'histoire et de la culture québécoise.

Après cette séance de «brainwashing» à saveur de victimisation collective devant l'oppresseur anglo-saxon, nos étudiants devraient naturellement épouser à leur tour les préceptes souverainistes comme seule et unique réponse aux maux de notre société.

Si le ministre Duchesne et ses acolytes avaient à coeur l'enseignement de l'histoire, ils auraient annoncé une réforme en profondeur du curriculum des cours du primaire et du secondaire de façon à ce qu'on n'enseigne plus en spirale et de façon redondante le mode de vie des Iroquoiens, les particularités de leurs habitations longues et de nombreux autres sujets passionnants, mais qui, une fois réchauffés, deviennent source de lassitude et de railleries de toutes sortes.

Nous avons formé des jeunes qui peuvent nous entretenir de la sédentarité partielle ou totale des peuples autochtones, mais qui sont incapables de commenter et de situer sur une ligne du temps l'Empire romain, la révolution industrielle, le mouvement des suffragettes, les deux Guerres mondiales, l'arrivée des Beatles en Amérique, les premiers pas de l'Homme sur la Lune et tellement d'autres moments décisifs qui ont façonné l'Histoire, une histoire dynamique, enlevante et qui donne le goût d'être apprise.

En lieu et place, le gouvernement veut nous imposer un cours douteux dont les délais d'implantation ridicules dénotent un manque de sérieux que ne peuvent même pas cautionner les plus grands partisans de ce cours. Pour couronner le tout, le gouvernement souhaite mener à terme son projet à coût zéro, donc en coupant un cours complémentaire sur deux. Et vlan pour la formation et la culture générale, dont parlait déjà le rapport Parent en 1964!

Le collégien qui souhaitait suivre deux cours d'espagnol pour s'ouvrir sur le monde ou encore celui qui espérait peaufiner sa maîtrise de logiciels en plus d'explorer le monde du journalisme devra faire une croix sur ses visées et ses aspirations. Ce changement imposé par le PQ se fait sur le dos des étudiants.

À titre d'enseignant au collégial qui a à coeur la pertinence et la qualité de la formation offerte à ses étudiants, à titre de père d'une collégienne et d'un collégien en devenir et, finalement, à titre de contribuable dont le souhait ultime est celui de voir nos institutions être de véritables catalyseurs d'une société pertinente, authentique, juste, équitable, efficace et prospère, j'affiche publiquement mon désaccord quant à ce projet improvisé, qui, à l'instar d'une certaine réforme pas si lointaine, n'ajoutera en rien à la qualité et à la pertinence de la formation.

Il ne reste plus qu'à souhaiter que nos cégépiens se mobilisent et fassent comprendre au gouvernement que ce changement «pédagogique» n'est pas plus souhaité que souhaitable. Mme Marois, est-ce trop demander de leur laisser la latitude de choisir deux cours, ou souhaitez-vous plutôt les infantiliser davantage en leur imposant vos propres choix?