Les nouvelles grammaires québécoises ne se comptent plus. Chaque auteur présente son ouvrage comme LE livre de référence, la nouveauté qui fera que les enfants, du primaire et du secondaire, pourront enfin maîtriser leur langue maternelle, parlée et écrite.

Un élève (quel beau mot!) peut commencer son année scolaire avec un vocabulaire grammairien issu d'une grammaire à peine sortie des presses et se retrouver, dans une autre école, en cours d'année, avec une autre grammaire tout à fait différente.

Pour sauver une langue, il faut d'abord étudier ses règles, l'écrire et la parler le plus correctement possible. Pour y arriver, les enseignants doivent avoir le même livre de référence, de sorte que, si un élève change d'école pendant l'année, il ne se sentira pas perdu.

Publié pour la première fois en 1936, Le bon usage (dit grammaire Grevisse) demeure toujours l'ouvrage clé pour bien apprendre et écrire le français. Ouvrage de plus de 1600 pages, le Grevisse «comprend de nombreux exemples et contre-exemples tirés de la littérature francophone de toutes les époques et fait figure de référence pour tous les professionnels du français, en particulier les écrivains et les correcteurs». 

Ce texte sublime a obtenu la médaille d'or de l'Académie française en 1946. La 14e édition est sortie en 2007. Le Grevisse est aussi disponible en version électronique. La ministre de l'Éducation devrait imposer cet ouvrage à tous les professeurs de français du Québec et le mettre dans les mains de tous élèves du secondaire et du collégial. Les règles seraient les règles de tout le monde. Les enseignants pourraient enfin se comprendre entre eux. Les étudiants pourraient apprendre, de la même manière, les règles et principes qui régissent leur langue maternelle.

Stéphane Gendron, ancien maire de Huntingdon, répétait sans cesse à la télévision l'urgence de revenir, pour le primaire, à l'usage de la grammaire éditée par les Frères du Sacré-Coeur. Le titre assez évocateur était le suivant: Mon livre de français. 

L'ouvrage est paru, pour la première fois, en 1951. Il y avait dans ce livre de 408 pages tout ce qu'il faut pour obtenir une bonne note à l'examen de dictée qui sanctionnait la fin du primaire de l'époque (7e année). J'ai fait aimer le français en me servant quotidiennement de ce livre magnifique. «Mon livre de français» contenait 28 leçons: exercice de lecture, questions sur la compréhension du texte de lecture, vocabulaire, exercices de vocabulaire, grammaire, exercices de grammaire et d'analyse, conjugaison, phraséologie, rédaction, et récitation. Car, à l'époque, on cultivait encore la mémoire.

J'envoie cette suggestion à la ministre de l'Éducation. Lira-t-elle seulement mon propos? Au Québec, le mode compliqué a pris le dessus sur le mode simple. Cela explique pourquoi les élèves finissant leur secondaire et même leur cégep écrivent et parlent mal leur langue maternelle. Les immigrés apprennent deux langues en arrivant au pays, en utilisant la méthode ci-haut mentionnée. Et ils s'expriment parfaitement, par la suite, dans les deux langues. Pourquoi n'arrive-t-on pas à les imiter?