Le gouvernement écossais du Scottish National Party (SNP) a publié cette semaine son livre blanc sur l'indépendance. Fort de plus de 600 pages, ce document que le SNP qualifie de «guide de l'indépendance» vise, selon ses rédacteurs, à répondre à toutes les questions que les Écossais pourraient avoir sur la création d'un nouvel État.

Le SNP compte sur ce document pour redonner vie à sa campagne. Non seulement les sondages montrent-ils que l'appui à l'indépendance n'a guère franchi les 35% depuis que les gouvernements écossais et britanniques se sont entendus sur les paramètres du processus référendaire il y a un an, mais le débat a plutôt été lancé par le gouvernement britannique. Londres a en effet publié plusieurs études sur une série de questions (la monnaie, la défense, etc.) liées à l'indépendance.

Le livre blanc du SNP s'emploie d'abord et avant tout à déployer un argumentaire en faveur de l'indépendance. La plupart des raisons qui devraient, selon le SNP, mener les Écossais à voter pour la création d'un nouvel État s'inscrivent dans la continuité du discours nationaliste depuis les années 1980. 

Le SNP a, depuis les années Thatcher, fait de l'égalitarisme une valeur fondamentale de la nation écossaise. Dans son livre blanc, le parti nationaliste soutient qu'une Écosse indépendante sera plus égalitaire alors que de nouveaux pans seront ajoutés à l'État-providence (un système de garderies, par exemple) et que les privatisations seront évitées.

En référence implicite aux gouvernements conservateurs britanniques, le SNP dit aussi que l'indépendance fera en sorte de ne plus placer les intérêts écossais dans les mains d'un pouvoir politique n'ayant pas à coeur la nation écossaise ou ne la comprenant pas. 

Le SNP souligne aussi que l'indépendance permettra aux Écossais de se débarrasser des sous-marins nucléaires britanniques, un de ses plus anciens chevaux de bataille. Il dit aux Écossais que la sécession leur permettra d'avoir le plein contrôle des ressources pétrolières de la mer du Nord, une autre corde sensible en Écosse.

Le livre blanc s'emploie à rassurer les Écossais sur des questions qui apparaissent problématiques comme la monnaie, l'appartenance à l'Union européenne, la liberté de mouvement dans les îles britanniques et la monarchie. 

Au sujet de la monnaie, le SNP soutient que la livre sterling appartient autant à l'Écosse qu'au reste du Royaume-Uni et qu'elle sera donc conservée. Le parti nationaliste semble anticiper un accord avec le gouvernement britannique sur une gouvernance conjointe de la devise. 

Sur l'Union européenne, le livre blanc suggère que le principe de continuité fera en sorte que l'adhésion de l'Écosse se fera facilement. La zone de mouvement commune (Common Travel Area) existante sera, dit-on, maintenue malgré l'indépendance de l'Écosse, ce qui permettra aux Écossais de voyager au Royaume-Uni sans passeport. La monarchie sera aussi conservée.

Le livre blanc aborde le processus de sécession à la suite d'un référendum qui verrait une majorité d'Écossais soutenir cette option. Il prévoit une période de transition qui aboutirait à l'indépendance à une date précise, le 24 mars 2016.

Les premières critiques du livre blanc font remarquer que plusieurs des changements proposés (sur les politiques sociales, par exemple) pourraient s'effectuer dans le présent cadre constitutionnel. De plus, certains de ces changements supposent un gouvernement du SNP.

Il est trop tôt pour dire si ce document pourra relancer la campagne en faveur de l'indépendance. Quoi qu'il en soit, le travail réalisé est impressionnant par l'effort d'argumentation et de précision au sujet de toutes les facettes d'une transition vers l'indépendance. Il devrait donner à réfléchir aux acteurs politiques québécois qui désirent toujours débattre de ces questions.