Après avoir fermé son point de services au Village olympique en 2011, la Caisse populaire Mercier-Rosemont vient aussi de fermer le guichet automatique qu'elle avait alors laissé ouvert. Les usagers de ce dernier se retrouvaient surtout parmi les locataires de cet immeuble, formé de deux pyramides comptant près de 1000 appartements; mais aussi parmi les employés travaillant dans les nombreux bureaux gouvernementaux et privés qu'il abrite.

Les représentants de l'association des locataires du village ont eu beau écrire aux dirigeants de la caisse, les rencontrer puis organiser des moyens de pression (pétition, manifestation); l'entreprise propriétaire du Village a eu beau aussi offrir de loger le guichet gratuitement, rien n'y fit. Le couperet est finalement tombé comme l'avait d'ailleurs décrété la direction de la caisse dès la fermeture du point de services en 2011.

Des centaines, sinon des milliers de points se services et de guichets automatiques des caisses populaires Desjardins ont connu le même sort ces dernières années. Ils ont été fermés sans de véritables consultations et souvent malgré une vive opposition fondée des milieux où ils étaient implantés depuis longtemps. Ce phénomène a pris tellement d'ampleur qu'il a soulevé beaucoup de mécontentement, surtout dans les communautés rurales dont les membres, se voyant privées de services du jour au lendemain, doivent franchir maintenant des distances déraisonnables pour avoir accès aux services de leur caisse.

Un ex-président du Mouvement Desjardins, Claude Béland, a admis récemment dans un courriel adressé à un quotidien que les caisses imitent de plus en plus le fonctionnement des banques. «La démocratie n'est pas en bonne santé dans le réseau des caisses. Les assemblées générales actuelles sont désertes, les membres ayant, tout compte fait, très peu de pouvoirs. La caisse n'est plus "leur" caisse. Pas étonnant que la fidélité s'effrite...La caisse apparait comme une institution financière comme les autres», a-t-il écrit.

Plusieurs, estimant que les caisses ont perdu leur âme, critiquent la politique de rémunération de la haute direction du Mouvement Desjardins, dont le salaire versé à la présidente Monique F. Leroux. Ses défenseurs la défendent en établissant une comparaison avec les banques. On soutient qu'il faut à la tête de ce mouvement coopératif de bons banquiers et que le marché des bons banquiers est très compétitif. 

On oublie justement que les coopératives financières que sont les caisses ne sont pas des banques. Dans le cas des banques, le partage des profits de l'entreprise revient aux investisseurs, dans le cas des coopératives, le partage se fait entre les membres sociétaires. «On ne peut donc dire que tout va bien dans une coopérative en cherchant à copier ce qui se fait dans des entreprises dont les valeurs et les règles de gouvernance sont fondamentalement différentes», a conclu M. Béland.