Il y a 50 ans, devant le monument en l'honneur d'Abraham Lincoln, Martin Luther King faisait part de son rêve de voir un jour les Noirs vivre dans une société débarrassée du poids et des chaînes du racisme et devenir égaux de leurs compatriotes. À de nombreux égards, l'essence du rêve du révérend King a été réalisée. Mais depuis un certain temps, les États-Unis sont divisés sur la question de la race comme ils ne l'avaient pas été depuis longtemps.
Dans son discours historique, le révérend King affirme: «Je fais toujours ce rêve. C'est un rêve profondément ancré dans l'idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo: "Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux."»
Globalement, cet aspect du rêve de Martin Luther King a été réalisé - les Noirs ne sont plus exclus des écoles et peuvent étudier. Les tests d'alphabétisation que l'on faisait passer de manière à empêcher les Noirs de voter ont été abolis, et les Américains ont élu et réélu le premier président noir de leur histoire.
De plus, cette aspiration du révérend: «Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère» s'est aussi en grande partie concrétisée.
Au cours de la dernière décennie, deux Noirs ont représenté les États-Unis aux yeux du monde en qualité de secrétaires d'État et, dans l'administration Obama, un Noir officie pour la première fois en tant que ministre de la Justice. Des Noirs sont capitaines d'industrie dans des domaines comme la finance, la loi, la technologie et les médias - ce que l'intolérance raciste rendait impossible en ce jour historique de 1963.
Néanmoins, certains aspects du rêve de Martin Luther King n'ont toujours pas été réalisés. Le chômage et la pauvreté chez les Noirs demeurent élevés, comme en 1963; les chances pour un Noir d'obtenir un emploi bien rémunéré restent faibles s'il n'a pas terminé ses études secondaires ni obtenu de diplôme d'enseignement supérieur. Aujourd'hui, le taux de chômage pour les hommes noirs qui ne détiennent pas de diplôme du secondaire est sidérant: 95%.
Les gens qui expriment leur insatisfaction devant le verdict rendu dans l'affaire de l'assassinat de Trayvon Martin feraient bien d'écouter l'appel de Martin Luther King: «Ne cherchons pas à étancher notre soif de liberté en buvant à la coupe de l'amertume et de la haine. Livrons toujours notre lutte sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline.»
Nombreux sont les Noirs américains qui croient que l'acquittement de George Zimmerman ainsi que les efforts en vue de demander une pièce d'identité au moment de voter sont des signes d'un retour vers Jim Crow et les jours sombres de la ségrégation. Il faut savoir exprimer ses divergences de point de vue avec respect et sans qualifier ceux qui ont une opinion différente de la nôtre de racistes.
En réfléchissant aujourd'hui à ce jour historique pour les États-Unis, je suis fier des progrès importants accomplis par notre peuple et notre pays tout en reconnaissant que nous avons encore du pain sur la planche pour arriver à réaliser entièrement le rêve de Martin Luther King.