Le nouveau pape François semble vouloir donner un nouveau visage à son Église. Cela est infiniment souhaitable. L'Église catholique romaine, mon Église, a apporté tellement de grandes choses à l'humanité qu'il serait dommage qu'elle demeure sclérosée devant des questions brûlantes au coeur de l'actualité, telle l'exclusion de la femme au sacerdoce.

Depuis qu'elle existe, cette Église a fait connaître au monde un humanisme nouveau, cet humanisme qu'elle avait elle-même puisé chez les Grecs de l'Antiquité, et qui a été ensuite recueilli et relayé par les Romains, à l'époque de leur brillant empire.

Aujourd'hui, cette Église pourrait aller encore plus loin en reconnaissant l'erreur que constitue toujours cette immense injustice faite aux femmes depuis 2000 ans, celle de les avoir exclues du sacerdoce.

Cette exclusion de la femme du sacerdoce constitue la plus grande injustice de tous les temps. Elle n'est pas propre à la religion catholique. Ainsi, on voit peu de femmes rabbins ou de femmes imams. Malheureusement, les dernières déclarations de François semblent ignorer cette injustice faite à la femme. Pour ce pape, la question semble réglée, et cette injustice faite envers la moitié de l'humanité perdurera. Le dossier a été clos sous Jean-Paul II, et il n'y a rien à y faire.

Je suis catholique, et je n'ai jamais hésité à proclamer haut et fort que, selon tous les historiens, le christianisme a été un très grand facteur de civilisation en Occident ou dans d'autres contrées où il s'est implanté. Mais je m'élève contre le fait qu'après 2000 ans, la femme soit encore exclue du sacerdoce. Pourquoi est-ce ainsi? La réponse officielle: ce serait la volonté de Dieu.

Par contre, les historiens ont eu beau scruter à la loupe toutes les Saintes Écritures, ils n'ont jamais trouvé l'ombre d'un motif pouvant justifier le fait que la femme soit exclue de certaines charges religieuses. Leurs recherches ont révélé que ce n'est pas Dieu qui a voulu une telle chose, mais que ce sont les hommes eux-mêmes qui ont éloigné la femme du sacerdoce.

Vers le quatrième siècle de notre ère, pour des raisons qui pouvaient peut-être se justifier à l'époque, les dirigeants de la jeune Église catholique ont décidé que la femme, la descendante directe de la première pécheresse, Ève, notre mère à tous, ne devrait pas aller au-delà d'un certain degré d'élévation dans l'échelle ecclésiastique. Mais aujourd'hui, 2000 ans plus tard, cette exclusion est-elle justifiée? Est-elle acceptable dans une société qui se prétend civilisée? La réponse est évidemment non.

La plupart des sociétés occidentales se sont dotées de chartes des droits et libertés de la personne. Dans ces sociétés, quand on nie un droit à une personne à cause de son sexe, cela s'appelle de la discrimination sexuelle. Tout le monde sait que la discrimination basée sur le sexe est défendue et sévèrement réprimée par les tribunaux. Chez nous, n'importe quelle organisation civile ou gouvernementale qui ferait preuve d'une telle discrimination serait montrée du doigt, et condamnée.

Je comprends qu'il s'agit ici d'organisations à caractère religieux, et que celles-ci véhiculent encore aujourd'hui des modes de pensée conçus il y a des millénaires. Mais est-ce une raison justifiant qu'elles ignorent les chartes des droits? Leur «supposée» inspiration divine les place-t-elle au-dessus des droits de la personne?

Certaines Églises chrétiennes ont compris que cette position était intenable, et elles ont accordé l'égalité à la femme. On dit que le nouveau pape François veut donner une nouvelle image de l'Église. Il la veut une Église aux allures plus socialisantes. C'est bien. Mais jusqu'où ira-t-il? Osera-t-il secouer les vieux préjugés de cette Église?

Ce serait là une belle occasion pour que son Église, notre Église, se démarque des autres religions rattachées à ces vieux démons du passé, tel le statut de la femme. Malheureusement, on peut en douter.