Les entreprises américaines auront un an de plus pour répondre aux nouvelles exigences de la loi sur l'assurance-santé. Et ce retard ne sera sans doute pas le seul.

Annoncée en douce sur le blogue de la Maison-Blanche à 18h mardi, la nouvelle a pris bien du monde par surprise. Les entreprises de plus de 50 employés à temps plein, qui devaient offrir une couverture d'assurance-maladie à compter du 1er janvier prochain, auront jusqu'en 2015 pour le faire.

Les républicains, qui fantasment sur l'échec de la loi phare du président Obama, en ont évidemment fait leurs choux gras. De fait, il s'agit d'une concession majeure, mais une concession à la réalité. La plupart des grandes entreprises offrant déjà une assurance-santé, c'étaient surtout des PME qui étaient dans la ligne de mire. Et apparemment, certaines étaient prêtes à bien des contorsions pour ne pas franchir le seuil critique de 50 employés à temps plein: arrêter d'embaucher, mais aussi réduire les horaires et faire des mises à pied. Des effets hautement indésirables, autant pour l'économie américaine que pour les petits travailleurs, dont l'Obamacare est pourtant censé améliorer le sort.

L'administration Obama dit vouloir donner plus de temps aux entreprises pour se conformer à la loi. Elle risque toutefois de se retrouver au même point dans un an, devant des employeurs aussi opposés aux primes d'assurance qu'aux pénalités (2000$ par salarié) auxquelles elles s'exposent si elles refusent d'offrir cet avantage social.

En attendant, des milliers de travailleurs qui auraient dû être couverts viendront grossir les rangs des citoyens qui n'ont pas de police et doivent s'en magasiner une. L'obligation individuelle d'être assuré le 1er janvier 2014, en effet, tient toujours. Une sorte de marché public doit être mis en ligne dans chaque État le 1er octobre, mais tout porte à croire que certains de ces systèmes ne seront pas prêts, ou pas en mesure de réaliser toutes les opérations requises. Entre les individus qui se décourageront de s'inscrire et tous ceux qui n'essaieront même pas de le faire, l'agence fédérale du revenu (IRS) en aura plein les bras l'an prochain.

Et c'est sans compter les inconnues. L'Affordable Care Act, comme son nom l'indique, est censé rendre les soins plus accessibles. Cependant, des analyses montrent que des assurés pourraient voir leurs primes augmenter. De plus, les assureurs désireux de participer aux marchés publics s'annoncent moins nombreux que prévu dans certaines régions.

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La nécessité de doter chaque citoyen américain d'une couverture médicale décente ne fait pas de doute, mais son déploiement s'annonce pour le moins cahoteux. Les résistances sont telles qu'il y a lieu de se demander si l'Obamacare sera un jour considéré comme un progrès, ou si cette réforme demeurera un irritant et un motif de discorde.