Il y a quelques jours, le gouvernement péquiste dévoilait ses intentions quant au développement du Nord. Annoncé sous la bannière Le Nord pour tous, ce plan, qui remplace le défunt Plan Nord du précédent gouvernement libéral, parle surtout d'infrastructures, de créations d'emploi, de gros chiffres.  

La course aux ressources naturelles, l'économie, la géopolitique: tout nous poussera vers les hautes latitudes dans les prochaines décennies. Fort bien pour le développement économique du Québec en général et celui des communautés au nord du 49e parallèle. Mais qu'en est-il de l'intégrité écologique de ce territoire?

Le précédent gouvernement s'était engagé à protéger 20% du territoire nordique d'ici 2020, puis d'atteindre 50% de superficie en aires protégées d'ici 2035. Une date lointaine, certes, mais une date tout de même. Sur la plate-forme web dédiée au Nord, mise en place par le gouvernement actuel, outre une cible facile de 12% en 2015 (on en est déjà à 9% sur l'ensemble du territoire), toute date butoir quant à l'atteinte de superficies additionnelles dédiées à la protection des milieux nordiques a été retirée.

On danse un dangereux tango avec les investisseurs et les minières. On veut les attirer et les charmer. Compréhensible. Mais ne vaudrait-il pas mieux mettre cartes sur table dès maintenant? Où sont les engagements véritables de ce gouvernement supposément plus écolo que le précédent? Voulons-nous absolument répéter, au nord, les erreurs commises au sud? Voulons-nous morceler tout autant ce territoire vierge - et incidemment plus fragile - que la vallée du Saint-Laurent?

Le développement et le morcellement des territoires précèdent, la plupart du temps, les démarches de conservation; les promoteurs étant plus rapides sur le terrain que les fonctionnaires et les biologistes. L'occasion qui nous est ici offerte de développer le Québec nordique est historique; nous pouvons faire les choses différemment, pour une fois. Il faut prendre le temps de planifier des cibles et des stratégies de conservation sérieuses, et ce, avant que la fièvre du développement ne se jette sur ces terres. Et s'y tenir. C'est une chance à ne pas laisser passer. Et de grâce, laissons le tango ceux qui savent le danser!