Depuis qu'en Occident la pratique religieuse est disparue de nos vies, une nouvelle pratique la remplace: celle vouée à l'élitisme sportif! C'est du moins la conclusion à laquelle on peut arriver en observant l'importance que l'on donne aujourd'hui dans les médias à la fin du lock-out dans la LNH.

Pourtant, sous ses dehors festifs, cette célébration cache quelque chose d'inquiétant: c'est celle du retour de l'idée fausse d'athlètes issus d'une race à part.

Car en soi, le hockey professionnel n'a rien à voir avec la pratique sportive. Il est d'un tout autre ordre et tous les gens qui y sont reliés de près ou de loin, y compris les joueurs eux-mêmes, ne jouent pas puisque, est-il besoin de le rappeler, ils travaillent, et c'est à titre de hauts salariés qu'ils en font partie.

Le hockey professionnel est un vaste show organisé qui a su se développer en favorisant au maximum la partisanerie sportive, ce qui lui assure la rentabilité comme entreprise financière. Au bout du compte, comme toute autre industrie privée, le hockey professionnel n'a qu'un but: faire de l'argent en ayant une bonne clientèle et en la conservant. Il est donc un modèle parfait d'entreprise privée.

Il possède tous les avantages, mais aussi, disons-le, toutes les tares de l'exercice du capitalisme pur et dur: ses employés sont grassement payés, mais il est très exigeant. Ses joueurs sont considérés comme de la marchandise afin de parvenir aux fins précises des propriétaires d'équipes: se hisser au rang du classement et faire ainsi fructifier au maximum d'énormes investissements.

La question devient alors celle de savoir si la production de spectacles de hockey sert la beauté de ce sport et met bien en valeur les talents des athlètes, ou si cette production, s'en tenant exagérément à l'aspect mercantile du spectacle, réduit le hockey à un vil marché entre propriétaires et joueurs. L'application des lois du libre marché dans le sport professionnel a créé un monstre qui gère et utilise le sport souvent au détriment de l'ensemble de ceux qui le pratiquent ou de ceux qui, conditionnés par la presse sportive, se voient condamnés à subir un spectacle de sport arrangé.

Or, si tel est le cas, on comprendra que ce n'est plus l'amateur de sport ni le sport lui-même que l'industrie du hockey professionnel dessert, mais uniquement elle-même. C'est ce qui expliquerait la frustration de bien des amateurs de hockey devant le manque d'information durant le conflit.

Car, habituellement, disons-le, la presse sportive maintient l'amateur de hockey dans un monde bien irréel. Son discours ne correspond en rien à la réalité, mais porte plutôt sur des joueurs qui jouent à jouer. Ce qui, dans l'esprit de l'amateur, le porte inconsciemment à confondre la réalité et le spectacle organisé. Et cela, au point où il fait de son joueur préféré un véritable dieu qu'il vénère plus que tout au monde! Ce serait donc finalement son retour dans le monde merveilleux, mais imaginaire du hockey professionnel que l'amateur fête aujourd'hui!