L'économie indienne est en train de redémarrer. Après plusieurs années de résultats décevants, le gouvernement se tourne vers des politiques visant à augmenter le taux de croissance annuel vers les 9% réalisés par l'Inde de 2004 à 2008.

Ce ne sera pas facile. L'Inde a de nombreux handicaps et manque de nombreux facteurs nécessaires au maintien d'une croissance rapide. Bien que le pays dispose d'universités et d'instituts technologiques exceptionnels, le système d'éducation primaire est d'un très faible niveau. Le système des castes et les lois du travail empêchent un marché du travail efficace.

Certes, les règles bureaucratiques ne sont pas aussi contraignantes qu'avant. Mais l'activité des entreprises reste embourbée dans une myriade de restrictions et dans un système judiciaire d'une lenteur décourageante qui, combinés à un système complexe de subventions sur les prix, encouragent la corruption généralisée à tous les niveaux du gouvernement.

Par ailleurs, les infrastructures de l'Inde sont insuffisantes au développement d'une économie moderne. Avec trop peu d'électricité, les pannes sont fréquentes. Les ports sont inefficaces, les routes sont encombrées et le trafic est étonnamment chaotique.

Et tandis que l'Inde a un besoin urgent de réformer son système fiscal, ses politiques de dépenses et de réglementation, le changement politique est difficile dans une démocratie multipartite fédéraliste de 1,2 milliard de personnes réparties sur un vaste sous-continent.

Malgré tout, l'économie indienne a enregistré une croissance de près de 9% pendant plusieurs années, et connaît maintenant une croissance de près de 6% par an, derrière la Chine et l'Indonésie parmi les principales économies.

Une des clés de la réussite économique de l'Inde est une grande population d'entrepreneurs instruits, qui créent de nouvelles entreprises et construisent une classe moyenne moderne. Un taux élevé d'épargne privée et de fortes entrées de capitaux en provenance de l'étranger ont maintenu l'investissement en biens d'équipement.

La récente menace d'un abaissement de la notation du crédit souverain du pays (ce qui aurait rendu difficile le financement du déficit du compte courant) a conduit à un remaniement ministériel et à un changement d'orientation. La nomination d'un nouveau ministre des Finances, Palaniappan Chidambaram, a envoyé un signal fort à la communauté indienne des affaires et aux marchés financiers. Chidambaram, un avocat formé à Harvard qui a dirigé le ministère des Finances à deux reprises, s'est engagé à renforcer la croissance et à adopter des mesures politiques favorables au marché. Il sait ce qu'il faut faire et pousse ses collègues politiques dans cette direction.

Un signe de progrès est que le nouveau comité du Cabinet, présidé par Singh, passera en revue les grands projets d'investissement privé, empêchés jusqu'ici par des questions de réglementation ou par d'autres obstacles juridiques. Sortir de cette impasse sera important à la fois en soi et pour le message que cela véhicule auprès des investisseurs nationaux et étrangers.

La récente décision de l'Inde de permettre à de grandes enseignes étrangères comme Wal-Mart d'entrer sur le marché reflète un changement d'attitude encourageant, qui est important au-delà des spécificités des entreprises qui s'implantent maintenant dans le pays. Et la législation va bientôt créer la possibilité d'une propriété étrangère accrue dans le secteur financier.

Les investissements publics dans l'infrastructure, à la fois autonomes et en partenariat avec des entreprises privées, serviront également à améliorer directement la croissance et à attirer de plus grandes rentrées d'investissements étrangers.

Tout ceci représente une énorme entreprise, qui rencontre des obstacles potentiels innombrables, aussi bien sur le plan économique que politique. Mais je fais le pari que l'Inde va encore progresser: des millions de nouvelles personnes vont sortir de la misère dans les années à venir, tandis que la classe moyenne indienne de plus en plus prospère va continuer à se développer.