Non, pas de cartes!

Non, pas de cartes!

Évidemment, il ne s'agit pas de cartes qui m'ont été expédiées par un ami, un parent, mon employeur, ni même mon dentiste. Il s'agit de cartes que j'ai reçues gratuitement par diverses fondations, en espérant que devant tant de générosité, je craque et les autorise à faire des prélèvements automatiques sur mon compte bancaire.

Il est vrai que je leur occasionne des frais non négligeables: impression des cartes, frais postaux, manutention, enveloppes de retour, etc. Je me sens pas mal pingre de ne rien leur donner en retour. Une fois, j'ai craqué, je me suis dit: «Je vais au moins leur retourner l'envoi pour limiter leurs frais». Ce n'est pas vrai, c'est une initiative de ma conjointe. Surprise! Le facteur refuse le retour à l'expéditeur!

C'est mal me connaître que de penser que je vais envoyer 36 cartes de souhait dans une année, ça varie plutôt entre 0 et 1. Les cartes vont alors se retrouver, comme celles de l'an passé, dans le bac de récupération.

Fait curieux, quand je regarde mes déclarations d'impôt pour les dons de charité des deux dernières années, je n'ai fait aucun don aux organismes qui m'envoient ces cartes. Peut-être l'ai-je fait il y a plusieurs années? À moins que la rumeur voulant qu'ils s'échangent leurs listes de donataires soit vraie!

J'en suis à me demander si ces fondations n'investissent pas plus d'argent sur mon cas que sur celui des nécessiteux qu'ils prétendent soutenir. Serait-ce que la prochaine fois que j'irai remettre 20$ à la dame assise à l'entrée du salon funéraire, une bonne partie du montant servira à expédier, en boucle, des cartes à un autre sans coeur qui ne les utilisera pas? Ce n'est rien pour raviver un élan de générosité déjà modeste.

De grâce, la Fibrose kystique du Québec, la fondation CHU Sainte-Justine, les Artistes peintres de la bouche et des pieds, l'Association pulmonaire du Québec, la Société de recherche sur le cancer, cessez de m'expédier des cartes, vous me faites douter de votre aptitude à gérer adéquatement les dons que vous recueillez.

Mario Lamontagne, Alma

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Quel héritage...


L'urgence de Saint-Jérôme déborde depuis je ne sais combien de temps. Mon mari âgé de 81 ans est sur une civière à l'urgence depuis cinq jours. L'ironie de la situation: son père est le Dr Rosaire Lapointe, le fondateur de l'hôpital dont un pavillon porte son nom. Son père a eu la motivation de fonder l'hôpital, car pendant qu'il faisait un accouchement à domicile, sa femme a accouché prématurément de mon mari et est décédée d'une hémorragie quelques heures après le retour à la maison de son époux. Le Dr Lapointe a toujours pensé que s'il y avait eu un hôpital près de chez lui, sa femme ne serait pas morte. Cinq jours à l'urgence sur une civière, c'est inconcevable. On vient de me répondre qu'il y en a un autre qui attend un lit depuis six jours. Est-ce de la surenchère? Il y a des civières plein les corridors et les patients sont interrogés et examinés devant tout le monde, sans aucune intimité. Les médecins s'en excusent, mais c'est la réalité. Il devrait y avoir moyen d'améliorer la situation. Je m'en vais assister mon mari à l'hôpital.

Marielle Lefrançois