Dans une lettre ouverte publiée dans La Presse en octobre 2011, j'avais fait valoir que l'idée de Jean Charest de doter toutes les classes du Québec d'un tableau numérique interactif était mauvaise. Un an plus tard (donc dans la deuxième année de ce programme de cinq ans), le gouvernement Marois décide d'annuler cette idée! Vous comprendrez que je suis d'accord. Par contre, ce gouvernement devra faire attention pour ne pas empirer une situation déjà délicate.

En effet, quand l'ancien premier ministre a annoncé cette mesure, il n'y avait pas de sommes prévues pour la mettre en application. Donc, chaque école a vu son budget en informatique être diminué. Dans mon école, notre budget a été réduit d'environ l'équivalent de ce qu'il en coûtait chaque année pour acheter les tableaux numériques qu'on nous octroyait. Alors, au lieu de pouvoir faire des choix qui collaient à la réalité de notre école, nous étions obligés d'utiliser les grenailles restantes pour éteindre les feux. En plus, ces tableaux nous arrivaient sans que tous les accessoires soient fournis (haut-parleurs, etc.).

En annulant cette mesure, le gouvernement Marois ne peut pas prendre cet argent et l'affecter ailleurs. Il est impératif que cet argent revienne dans les écoles dans le budget consacré à l'informatique.

Prenez la situation de notre école. Nous avons un chariot d'ordinateurs Apple qui sont à la fin de leur vie utile. Il faudra les remplacer cette année ou l'an prochain. Croyez-vous que nous pourrons le faire avec les 8000$ disponibles cette année dans le budget? Nous avons un autre chariot de portables PC qui ne compte même pas 31 ordinateurs. Nous tentons de le compléter année après année, mais quand il sera complet, il faudra commencer à remplacer les plus vieux.

La Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), affiliée à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), a émis un communiqué sommant le gouvernement de ne pas transformer cet argent en nouvelle compression pour l'éducation; je viens de vous démontrer comment ça le deviendrait.

Une idée intéressante serait d'offrir un crédit d'impôt pour les travailleurs dans le milieu de l'éducation à l'achat de matériel informatique. Les commissions scolaires se déresponsabiliseraient de l'entretien de ce matériel. Ainsi, au lieu de fournir un ordinateur à chacun, l'enseignant pourrait bénéficier du choix de s'équiper ou pas. Les techniciens n'auraient pas à remonter un ordinateur trois fois (comme c'est arrivé pour un collègue). Chaque école ou chaque enseignant n'utilise pas l'informatique de la même façon. Laissons-les donc choisir leurs priorités. Comme le dit la FSE-CSQ, il serait intéressant qu'il y ait une consultation du milieu au lieu de toujours le mettre devant le fait accompli!